Anomalie - Certaines variétés d'agrumes sont délaissées. Et nombre de producteurs de jus préfèrent les extraits au jus naturel. Pourtant, l'Algérie compte parmi les plus importants producteurs de ces fruits. Lors de la 8e édition de la Fête des agrumes, organisée par la Chambre d'agriculture de la wilaya de Tipaza au complexe le Grand bleu de Chenoua, Cherif Moualhi, directeur de la station de l'Institut technique de l'arboriculture fruitière et de la vigne (ITAFV) de Boufarik, a passé en revue les contraintes qui freinent son essor. Celles-ci sont liées au segment de la transformation des agrumes dont les variétés commerciales nationales homologuées existant sur le marché algérien sont délaissées au profit de l'importation. «C'est un segment très désorganisé. Des extraits, dont on ne connaît pas exactement les composants et leur impact sur la santé, sont importés de l'étranger par les producteurs de jus», a-t-il souligné appelant au retour au naturel comme ce fut le cas jadis. Et d'ajouter : «Beaucoup ont choisi la facilité en ne plantant pas des vergers d'agrumes riches en jus ou en étendant des plantations pour la fabrication de jus de fruits frais et naturels. La gamme variétale est assez diversifiée. Elle peut répondre à la demande du marché si on investit dans le domaine de la transformation.» Pourtant la production des agrumes en général connaît aujourd'hui une amélioration qualitative et quantitative, selon M. Moualhi. Elle est passée de 6 millions de quintaux en 2006 avec un rendement de 14 tonnes à l'hectare, à 8 millions de quintaux (800 000 tonnes), avec 18 tonnes de rendement à l'hectare sur les 67 000 ha plantés. Toutefois, il a évoqué le problème du recul de production de certaines variétés très riches en jus, bonnes pour la transformation. «Les vergers de certaines variétés sont en nette régression.» Passée, selon notre interlocuteur, de 105 à 95 ha, d'après les chiffres du ministère de l'Agriculture, la production du pomélo, par exemple, régresse d'année en année à l'échelle nationale. «Cela est dû au désintéressement des agriculteurs qui estiment que cette variété n'est pas rentable financièrement et n'a pas de débouchés.» Pourtant cette variété est dans son milieu naturel, selon lui. «A Boufarik, nous avons 4 ou 5 variétés de pomélos, plusieurs variétés de cédratiers et bien d'autres variétés riches en jus comme la mandarine ortanique et la portugaise.» Ce responsable s'interroge, par ailleurs, pourquoi les agriculteurs ne récoltent pas encore leurs citrons. «Nous avons des problèmes dans la production du citronnier. Les fruits dans les vergers sont mûrs et jaunes mais pas encore commercialisés à cause des prix bas sur le marché et l'importation d'outre-mer.» Pour rappel, la wilaya de Tipaza, selon la Chambre de l'agriculture, produit 10 variétés d'agrumes : thomson, washington, commune, hamline, double fine, portugaise, valancialate, clémentine, mandarine et citron, plantées sur 3 850 ha avec une production de 949 442 quintaux. 1 528 ha ont été réalisés dans le cadre du Plan national du développement agricole (PNDA). Enfin, selon un intervenant de l'institut INPV de Boufarik, les agrumes connaissent 3 principaux problèmes : le manque d'eau, la mauvaise fertilisation et les maladies.