Rejet - La validation de la candidature du Président Wade à la présidentielle de février par le Conseil constitutionnel a provoqué de graves violences dans plusieurs villes du Sénégal. Les tenants de cette «résistance», dont les modalités restent à préciser, s'opposent d'ores et déjà à une vague d'arrestations de responsables et partisans du Mouvement du 23 juin (M 23), qui regroupe partis d'opposition et organisations de la société civile à la pointe du combat contre la candidature de Wade. «Nous nous organisons pour faire face par une résistance contre l'oppression, et nous avons lancé un mot d'ordre à l'ensemble des Sénégalais de se tenir prêts pour y faire face», a déclaré à la presse Macky Sall, un des dirigeants du M 23, candidat à la présidentielle, à l'issue d'une réunion avec d'autres leaders du mouvement. Il faut «tout mettre en œuvre pour que Wade retire sa candidature, parce qu'il n'est pas question qu'il prenne part au scrutin présidentiel du 26 février», a-t-il ajouté. Selon le M 23, des «dizaines» de ses militants et responsables ont été arrêtés, hier, dans tout le pays. Pour sa part, «Y'en a marre», mouvement citoyen de jeunes Sénégalais opposés à un nouveau mandat de leur chef de l'Etat a exprimé, hier, son amertume à la suite de la validation par le Conseil constitutionnel de la candidature de M. Wade, parlant de «honte pour le Sénégal». En rendant vendredi soir leur décision, les cinq membres du Conseil constitutionnel «ont détruit ce qui restait de la crédibilité de notre justice et abandonné le peuple au moment où il attendait qu'ils soient les garants de la Constitution», déclare «Y'en a Marre» dans un communiqué. Il dénonce «un coup d'Etat constitutionnel, qui est une honte pour le Sénégal et donne un sacré coup à la fiabilité des institutions démocratiques». Le mouvement appelle les Sénégalais «à faire face à cette forfaiture jusqu'à ce que le droit soit rétabli, et que la candidature d'Abdoulaye Wade soit invalidée», ajoutant : «Le combat peut être long et difficile mais cela sera un combat pour l'honneur et le respect. Notre avenir est menacé et nous n'accepterons plus que des hommes politiques bafouent notre dignité en jouant avec la loi pour se maintenir au pouvoir.» De son côté, le chanteur Youssou Ndour a fait état, hier, à Dakar de «menaces» contre sa personne physique. «Ceux auxquels on demande de respecter la loi et de faire en sorte que la loi soit respectée par tout le monde n'y parviennent plus», a déclaré M. Ndour lors d'un point de presse après le dépôt de son recours contre le rejet par le Conseil constitutionnel de sa candidature à l'élection présidentielle du 26 février. Il y a «des menaces qu'on entend aujourd'hui pour attaquer ma personne physiquement», a-t-il dit, sans autres détails. L'annonce, vendredi soir, de la validation de la candidature contestée de Wade avait été suivie de protestations marquées par des violences dans plusieurs quartiers de Dakar mais aussi dans des villes de provinces. Un policier a été tué lors des troubles selon le gouvernement, qui a annoncé avoir ouvert une enquête sur ce «crime odieux». Hier le calme était revenu à Dakar. Des forces de l'ordre demeuraient déployées sur des artères et axes stratégiques de la ville.