Résumé de la 17e partie n Frances Cary dit à Claudia combien elle est inquiète de l'absence de Norma... Le ton de Claudia manquait de conviction. — Oh ! si ! Parfois, elle me donne la chair de poule. Je crains qu'elle ne soit pas très équilibrée. Brusquement, elle éclata de rire. — Et vous le savez parfaitement, Claudia, malgré votre entêtement à refuser de l'admettre ; par fidélité envers votre patron, je suppose ? Hercule Poirot marchait dans la rue principale de Long Basing, si toutefois on peut appeler ainsi la rue unique d'une agglomération. Long Basing est un de ces villages qui ont tendance à s'allonger sans se préoccuper de s'élargir. On y voit une église impressionnante, avec un énorme clocher et près de laquelle un vieil if très digne domine le cimetière-jardin. De droite à gauche de la rue s'alignent les magasins extraordinairement variés dont ceux de deux antiquaires. L'un semblant s'intéresser exclusivement aux devants de cheminée en bois sculpté, l'autre avouant une préférence marquée pour les vieilles cartes murales, les porcelaines (la plupart ébréchées), les anciennes commodes en chêne rongées par les vers, les étagères couvertes de cristaux et l'argenterie datant de l'époque victorienne, le tout mal mis en valeur faute de place. Il y a encore deux cafés, tous deux assez mal tenus, un magasin où l'on vend des paniers, charmant avec sa grande variété d'articles façonnés à la main, un bureau de poste où l'on achète aussi des fruits, un marchand de tissus, surtout spécialisé en articles de modes avec au milieu, un immense comptoir où s'empilent les chaussures d'enfants tandis que dans un autre coin, on trouve tout ce qui relève de la mercerie. Il faut citer encore un marchand de journaux papeterie qui s'occupe, en plus, de la vente du tabac et des bonbons. Un magasin de lainages est, sans aucun doute, l'aristocrate du coin. A l'intérieur, deux femmes distinguées, à cheveux blancs, veillent sur une quantité d'étagères bourrées de pelotes de toutes les couleurs et, sur le comptoir, des paniers pleins de patrons. On a aménagé au fond, un espace réservé à l'art subtil du tricot. Pour ce qui est de l'épicerie, elle s'est transformée en un «supermarket» avec ses paniers métalliques et ses rangées de boîtes de conserves aux emballages agressifs. Enfin, occupant une place à part, une petite boutique offrant au centre de sa vitrine étroite où s'inscrit en lettres ARTISTIQUES le nom de «Lillah» - un chemisier venu de France qu'une étiquette affirme être «le dernier chic». Il voisine avec une jupe marine et un pull-over écarlate, le tout disposé en un désordre recherché. Poirot observa l'ensemble d'un œil indifférent. Il remarqua, au cœur du village, une rangée de maisons étriquées, de style ancien, dont certaines avaient conservé la pureté de ligne datant des rois George mais la plupart révélant des signes d'amélioration qui portaient le cachet de l'époque victorienne, par exemple une véranda, une fenêtre en saillie, une petite serre... A suivre Agatha Christie