Les jeunes ne disent plus ândek lh'aq (tu as raison) mais qest?ha (tu l'as touchée). Faut-il comprendre par là qu'on touche la cible, qu?on a fait vibrer la fibre ou alors tout simplement qu'on a marqué un point (point, nuqt?a, est féminin en arabe) ? Il y a de tout cela sans doute, mais le féminin donne à la chose touchée quelque chose de mystérieux, voire de trivial, qui fait vagabonder les imaginations? Vous tenez des propos sensés : vous l'avez touchée ! Vous faites une proposition qui plaît à tout le monde, vous l'avez encore touchée ; vous avez découvert quelque chose que tout le monde ignore, vous l'avez encore touchée? A l'inverse, de ceux qui ont raison et qui «l»?ont donc touchée, on dit de ceux qui n'ont pas raison qu'ils ne l'ont pas touchée : ma qest?hach ! Vous dites ou vous faites une bêtise : vous ne l'avez pas touchée ! Vous vous trompez de cible ou vous accusez quelqu'un à tort, vous ne l'avez toujours pas touchée ! La cible s'éloigne ou se rapproche selon que l'on dise vrai ou faux, que l'on aille dans le sens de ce que pense la majorité ou qu'on s'oppose à elle. Les deux expressions «tu l'as touchée» et «tu ne l'as pas touchée» sont devenues si courantes qu'elles ont tendance, notamment chez les jeunes, à remplacer toutes les autres : ândek lh'aq (tu as raison), ssabt-ha (tu l'as trouvée), rak ghalat? (tu te trompes) et même la très familière ruh', ruh' (va, va) pour montrer qu'on doute des propos de quelqu'un.