Colère - La Grèce a choisi d'accepter l'austérité imposée par ses créanciers pour rester dans la zone Euro, un programme violemment contesté lors de spectaculaires manifestations. Carcasses fumantes d'édifices néo-classiques, vitrines brisées: les Athéniens découvraient ce lundi avec consternation l'ampleur des dégâts infligés au centre de la ville par une nuit de violences en marge d'une manifestation géante contre un nouveau train d'austérité. Selon les décomptes officiels, 45 bâtiments ont été totalement ou partiellement endommagés par des incendies criminels, tandis que vitres brisés et rideaux de fer tordus se comptaient par dizaines sur les façades des grands axes du centre d'Athènes. Les violences ont fait 54 blessés parmi les citoyens, et la police a compté 68 blessés dans ses rangs, et a annoncé l'arrestation de 67 fauteurs de troubles. Deux cinémas historiques sont notamment partis en fumée. En milieu de matinée, les équipes municipales continuaient de ramasser les fragments de marbre arrachés au trottoir et utilisés comme projectiles, et autres débris fumants de poubelles et éclats de verre, dans tout le périmètre du centre, du quartier touristique de Monastiraki aux rues chic de Kolonaki. Un noyau dur d'environ un millier de personnes a aussi sporadiquement entraîné dans la casse des centaines de «suiveurs». Les violences se sont déroulé en marge de la manifestation d'hier qui a réuni, selon la police quelque 80 000 personnes, et selon les médias près du double, à l'appel des syndicats et de la gauche. Après un débat en procédure d'urgence au parlement, le programme a été adopté par 199 voix de majorité sur un total de 300 députés. Les membres du gouvernement avaient solennellement mis en garde contre des scénarios d'apocalypse ou de « chaos» pour la Grèce, si les députés votaient contre le programme, en affirmant que le pays serait alors conduit à se déclarer rapidement en cessation de paiement, et à sortir à plus ou moins long terme de l'euro. Le chaos, était dans les rues de la capitale. De violentes manifestations réunissant 80 000 personnes à Athènes selon la police, ont littéralement enflammé Athènes, avec une quarantaine de départs de feu ou incendies dans des bâtiments ou équipements du centre, selon un communiqué du ministère de la Protection du citoyen. A Salonique, les manifestations ont rassemblé 20 000 personnes et la police a recensé six banques endommagées. A peine la manifestation contre le plan proposé aux députés avait-elle commencé vers 15h00 GMT que les premiers incidents ont démarré lorsqu'un groupe de contestataires regroupés devant le parlement a fait pression sur l'important cordon policier disposé autour du bâtiment. La police a aussitôt riposté en faisant usage de gaz lacrymogènes. Les manifestants se sont alors retirés dans les rues adjacentes, qui se sont transformées en champs de bataille : des manifestants jetaient des pierres, des morceaux de marbre et des cocktails Molotov sur les forces antiémeutes qui répliquaient avec des jets de gaz lacrymogènes. Des personnes encagoulées ont brisé des vitrines de magasins sur les grandes avenues du centre. Les contestataires avaient commencé à affluer sur la place Syntagma en début d'après-midi à l'appel des deux grandes centrales syndicales grecques, la GSEE pour le privé et l'Adedy pour le public, ainsi que de la gauche radicale. « Les députés s'apprêtent à voter des mesures qui vont conduire à la mort de la Grèce, mais le peuple ne va pas céder», s'est exclamé le compositeur grec Mikis Theodorakis qui s'est joint aux contestataires à Athènes, juste devant le Parlement. Mais le plan d'austérité accepté en échange du renflouement et du désendettement ouvre la voie à une chute brutale des salaires dans le privé, censée redonner de la compétitivité aux entreprises du pays. Les syndicats ont jugé que ce plan faisait le «tombeau de la société», tandis que la gauche communiste et radicale a réitéré au parlement sa demande d'élections immédiates, considérant que la Grèce n'a rien à perdre à mettre ses créanciers au défi de la lâcher.