Drame - Une fois dans la rue, beaucoup parmi ces fugueuses deviennent des proies faciles à exploiter dans des réseaux de prostitution. C'est ce qui ressort de la conférence scientifique sur «la drogue entre la prévention et le traitement» organisée, hier, en faveur des élèves du lycée Frantz-Fanon à Bab El-Oued. Elle a été initiée par le Centre culturel islamique en collaboration avec la Gendarmerie nationale. Parlant un langage simple , notamment l'arabe dialectal, Mme Zohara Boukhaoula, psychologue de la brigade des mineurs auprès de la Gendarmerie nationale, a fait passer son message en mettant en garde contre les risques à éviter pour ne pas tomber dans les filets de la délinquance. Le manque d'affection, la rupture avec les parents, le manque de communication en famille, les mauvaises fréquentations, la violence ou le harcèlement sexuel de la part du frère ou du père, l'irresponsabilité des parents, l'éclatement de la cellule familiale et la perte des valeurs ancestrales… sont, entre autres, les raisons qui poussent de plus en plus de jeunes filles et de femmes algériennes à fuir le domicile familial. Les jeunes filles victimes de viol sont les plus exposées à ce genre de dérapage. Certaines mineures quittent la maison pour avoir plus d'autonomie (sortir tous les jours, liberté dans la façon de s'habiller, rejoindre leurs amis ou copains…), mais une fois dans la rue elles deviennent des proies faciles à exploiter dans des réseaux de prostitution. Aujourd'hui les filles de 15 à 18 ans pratiquent le sexe. «La sexualité chez les ados est devenu très fréquente». Cela est devenu «très normal» pour cette génération qui vit sans repères. «Le nombre de P-V sur les fugues reçus au niveau de notre cellule, est en nette évolution. Les avis de recherche signalés par le père ou la mère de la victime sont nombreux». Par ailleurs, selon les sorties effectuées sur le terrain par cette brigade des mineurs, le nombre de toxicomanes est en hausse.Ce sont les jeunes âgés entre 18 et 28 ans qui sont les plus touchés par ce phénomène en Algérie. 35 % sont des filles, a indiqué cette psychologue. Pour sa part, le Dr Mohamed Benzaimia, professeur à l'université de Blida, a plaidé pour l'intensification des actions de sensibilisation envers la population jeune. Les imams de même que les responsables des centres culturels doivent agir sur le terrain en se rapprochant des victimes et ce, afin de minimiser la prolifération de ce phénomène. L'inceste, un autre phénomène Une histoire d'inceste évoquée par Mme Boukhaoula a bouleversé la salle. Ce drame a eu lieu à Alger, il y a quelque temps, quand un frère a engrossé sa sœur à l'insu des parents. «Les équipes de la Gendarmerie nationale ont suivi cette affaire de près, mais ils n'ont pas pu empêcher ce drame. C'était trop tard, puisque la mère ignorait ce qui se passait dans sa maison et la fille a été menacée par son frère. Aujourd'hui, cette fille de 13 ans qui a donné naissance à un enfant dans une baraque à El-Harrach, a été placée dans un centre de rééducation à Birkhadem. Son frère de 23 ans est en ce moment en prison. Et bien entendu l'enfant a été placé dans une pouponnière à Alger.» Plusieurs révélations ont été faites par l'oratrice essentiellement sur la fuite des jeunes lycéennes de la maison avec la complicité de leur mère. «Une jeune lycéenne a été retrouvée dans la rue par nos services tout récemment à Alger. Tout a commencé avec une promesse de mariage. Cette jeune fille a été droguée puis violée par son copain. Elle tombe enceinte d'une fille suite à cette relation illégale… Pis, elle a même été poussée par ce délinquant à se prostituer pour de l'argent.» Le jeune coupable, qui n'a pas donné signe de vie, est toujours recherché.