Ambiance Ce jeudi, malgré le temps couvert, environ 150 turfistes ont tenu à faire le déplacement à l?hippodrome de Zemmouri pour parier dans les quatre courses au programme de la journée. Les uns viennent de Boudouaou ou d?Hussein Dey, les autres de Bordj Ménaïel ou de Tizi Ouzou? la plupart par leurs propres moyens. «Quand on aime, on ne compte pas», dit le proverbe. La première course de la journée vient juste de s?achever. La deuxième se déroulera dans une dizaine de minutes. Les turfistes se dépêchent pour faire leurs paris. Des files se forment devant les guichets du PMU. A quelques mètres de là, des bambins et des jeunes tentent d?écouler leurs cigarettes et autres sachets de chique. Il est 15h passées de quelques minutes. Un jeune, la trentaine, quitte un guichet du PMU après y avoir fait ses paris. Il hésite, dans un premier temps, à répondre à nos questions. «Je ne peux rien vous dire. Vous savez, ma famille et mes proches ne savent même pas que je joue au turf. Alors?» Une fois mis en confiance, il accepte de parler un peu de lui et de sa passion sans toutefois dévoiler son identité : «J?habite aux Issers. Je viens chaque jeudi ici histoire de me défouler. Je sais que les parieurs sont mal vus, mais que voulez-vous que je fasse ? Je suis un fils de famille, mais dès que je replonge dans le monde des courses, je ne me considère plus comme tel. J?ai arrêté une fois de jouer, mais cela n?a pas duré longtemps.» A la question de savoir si sa passion lui rapporte quelque chose, notre interlocuteur aura cette réponse : «Ma fihach erbah (cela ne rapporte rien), si je joue, ce n?est pas pour gagner, je le fais surtout pour assouvir un besoin.» Sur ce, le coup d?envoi de la seconde course est donné. Il s?excuse d?interrompre la discussion pour aller suivre de près la course. Celle-ci ne tardera pas à enflammer le public qui a pris place dans la tribune de l?hippodrome. A quelques mètres de l?arrivée des chevaux, les turfistes se mettent à siffler et à lancer des cris d?encouragement ou de déception. Finalement, c?est le cheval n°1 qui l?emporte devant le n°4, au grand dam d?une partie du public qui n?hésite pas à s?en prendre à certains jockeys, très jeunes pour la plupart, à leur sortie de la piste. Ces derniers ne bronchent pas. Ils se dirigent vers une salle de l?hippodrome où ils vont être pesés, conformément à la réglementation, alors que leurs chevaux seront soumis à des tests antidopage. La troisième course va bientôt commencer. Des guides, appelés dans le jargon hippique «lads», se chargent d?exhiber au public les chevaux qui y prendront part, «pour éviter que les mauvaises langues disent que tel ou tel cheval sur lequel les parieurs ont misé a couru alors qu?il était blessé», explique-t-on. Cinq commissaires veillent sur la régularité de la compétition, alors qu?un cameraman se charge de filmer toutes les courses à partir de la tour de contrôle de l?hippodrome. Ainsi s?égrène un jour de courses.