Qu'on les appelle familles pauvres ou familles nécessiteuses, qu'importe le qualificatif et ces chiffres qui semblent, pour le commun des observateurs, bien en deçà de la réalité, quand on sait les énormes difficultés auxquelles font face de plus en plus de familles, même si parmi elles un ou plusieurs membres justifient d'un salaire. Concrètement, beaucoup de ménages émargeant à un salaire ne cracheraient pas dans la soupe populaire que l'Etat met en branle pour aider les familles dans le besoin. Les quelques denrées alimentaires offertes gracieusement par l'administration du ministère de la Solidarité, aident sûrement les familles à transférer l'argent de l'huile, de la semoule et d'autres victuailles vers d'autres dépenses comme l'habillement ou les fournitures scolaires, si toutefois elles n'ont pas la chance de bénéficier des fameux trousseaux. Cette charité étatique a quelque chose d'indécent dans un pays qui croule sous les milliards de dollars et traduit de fait l'immense incapacité des pouvoirs publics à gérer convenablement toute cette manne de façon, non pas à éradiquer la pauvreté, soyons réalistes, mais du moins à en atténuer ces effets dévastateurs qui font que de plus en plus de mères de familles fouillent dans les poubelles des marchés afin d'y dégoter quelques légumes mangeables, de la pomme de terre et bien d'autres produits maraîchers ayant pris une arrogante hauteur. C'est que la flambée est devenue incendiaire et le gouvernement annonce depuis toujours l'installation d'une commission pour surveiller les fluctuations du marché, rappelant ces maîtres d'externat de naguère déambulant dans les cours de lycées, tournant le dos aux mille facéties des chenapans. Surveiller quoi ? La sardine, poisson du pauvre à 500 dinars le kilogramme ? Les fruits jadis si abondants et aujourd'hui inabordables ? Sans se donner la peine de passer en revue la folie de la mercuriale, il convient pour le commun des pères de famille d'admettre l'impuissance à satisfaire les besoins de ses enfants. Parce que cette économie libérale tant vantée, que l'on disait libératrice des énergies, n'a, pour l'heure, réussi qu'à libérer les prix et l'importation tous azimuts de toutes sortes de babioles. Mais que l'on se rassure : on annonce que le prix du poulet et de la pomme de terre vont bientôt baisser. Ça promet de délicieux ragoût. Enfin de quoi je me mêle ? Khelli l'bir beghtah.