Nombreux sont les séniors qui, arrivés à l'âge où ils sont censés enfin pouvoir profiter d'un repos bien mérité, se retrouvent dans l'obligation de travailler encore. Les difficultés économiques les y ont contraints, mais le corps ne suit malheureusement pas. Alors, ils se limitent à de petits métiers qui s'avèrent pourtant épuisants pour eux. Dans un contexte marqué par la flambée des prix de tous les produits de consommation, il est impossible aux retraités de mener une vie décente au vu des maigres retraites qu'ils perçoivent. Leur pension ne peut couvrir, en effet, que les besoins de quelques jours. Ces séniors se sont, donc, retrouvés dans l'obligation d'exercer d'autres fonctions afin d'accroître leurs revenus et pouvoir ainsi pallier aux multiples besoins. Les plus chanceux d'entre eux ont des métiers, ce qui leur ouvre les portes de travail auprès des particuliers. C'est le cas de Aâmi Said, menuisier. Agé de 70 ans, il exerce chez un particulier dans la localité de Makouda (Tizi Ouzou). «Je suis obligé de me lever très tôt afin d'arriver à l'heure. Il est vrai que je suis incapable de travailler huit heures par jour, mais j'exerce en moyenne durant quatre à cinq heures. Le propriétaire de l'atelier est un ami et il n'exerce aucune pression sur moi. Parfois, je me contente d'apprendre le métier à des stagiaires», témoigne le septuagénaire. Bien que le poids des années a eu raison de sa force physique, il continue de lutter pour garantir une vie, ou plutôt une survie, plus ou moins décente. «Je travaille à contrecœur. J'aurais souhaité avoir une bonne pension et vivre ma retraite convenablement. Avec la récente augmentation du SMIG, je touche 15 000 dinars. Que pourrais-je faire avec cette somme ? Il y a quelques jours, j'ai dépensé près de 12 000 dinars pour l'accouchement d'une de mes filles. Et vous savez que des circonstances pareilles ne manquent pas chez nous», ajoute notre interlocuteur, sur un ton plein d'amertume. Le courage et la résistance constituent des valeurs inébranlables chez ces personnes âgées qui tiennent à «garder la tête haute». Si Aâmi Said garde encore la forme pour exercer son métier, d'autres, plus fragiles, optent pour des travaux qui ne nécessitent pas beaucoup d'efforts. Des travaux comme vendeurs dans des magasins ou gardiens dans des gares organisant le travail des transporteurs sont très prisés par cette catégorie de personnes. Mais il faut dire que ce ne sont pas tous les retraités qui ont cette chance de trouver des emplois plus ou moins stables. Ceux n'ayant aucun métier travaillent comme des vendeurs à la sauvette. On les voit notamment dans les marchés des fruits et légumes. Ils y arrivent très tôt, achètent quelques cageots auprès des grossistes et les exposent ensuite à la vente en détail. Ils arrivent quand même à gagner un peu d'argent de petit boulot.» Je n'ai aucun métier. J'ai toujours travaillé comme manœuvre dans une entreprise publique de travaux routiers. Et comme je ne peux plus exércer dans les chantiers de construction, je dois me lever tôt pour gagner quelques sous, une moyenne de 300 dinars par jour», nous dit Aâmi Amar, croisé dans un marché à Draa Ben Khedda (Tizi Ouzou). Notre interlocuteur n'est pas le seul à devenir commerçant informel après de longues années de labeur. Il n'y a en effet, plus un marché où on ne croise pas ces retraités qui vendent toutes sortes de produits. Il semble que le sort s'acharne sur cette catégorie de personnes contraintes de travailler jusqu'à leur dernier souffle…