Escalade Moqtada Al-Sadr a menacé, vendredi, les forces d'occupation d'opérations-suicide si elles entraient dans les villes saintes chiites. Pendant la prière du vendredi à Koufa (160 km au sud de Bagdad), Moqtada Al-Sadr n'a pas mâché ses mots. «Si nous sommes obligés de défendre nos villes, nous recourrons aux opérations-suicide», a-t-il lancé à l'intention des forces de la coalition. «Jusqu'à présent, nous refusions cela, mais si nous y sommes obligés, nous le ferons», a-t-il assuré devant ses partisans. Le chef chiite que les Américains veulent arrêter, voire tuer depuis qu'il a défié ouvertement la coalition, s'exprimait peu après un accrochage entre sa milice et des forces de la division multinationale commandée par les Polonais qui a coûté la vie à un soldat bulgare et fait dix blessés dans la ville sainte de Kerbala, à une centaine de kilomètres au sud de Bagdad. Au même moment, un imam sunnite a mis en garde les forces américaines contre une reprise de l'offensive à Falloudja. «Si vous frappez à nouveau, tout l'Irak se transformera en Falloudja», a averti cheikh Ahmad Abdel Ghafour Samourraï, en dirigeant la prière hebdomadaire à la mosquée Oum al-Qoura de Bagdad. Pour faire face à une situation inattendue et difficilement maîtrisable, les Américains veulent faire appel à l?armée irakienne qu?ils avaient d?emblée dissoute. «Le ministre de la Défense (irakien) m'a informé de son intention de rencontrer la semaine prochaine des officiers supérieurs de l'ex-régime, dont les états de service ont été passés au crible, afin d'examiner la meilleure façon de reconstruire la hiérarchie militaire», a ainsi déclaré l?administrateur américain Paul Bremer qui avait annoncé son intention de faire appel aux généraux de l?armée de Saddam Hussein. «La majorité de ces officiers ayant une bonne réputation, de l'ancienne armée et d'ailleurs, reprendra du service dans les prochains mois au fur et à mesure que l'armée irakienne croîtra», a-t-il ajouté dans une adresse télévisée. La coalition insiste sur le fait que cela ne représente pas un changement de politique même si elle a annoncé son intention d'assouplir les mesures frappant d'ostracisme les anciens membres du parti Baâs pour permettre un retour dans l'administration de milliers d'entre eux, notamment des enseignants. Par ailleurs, le secrétaire d'Etat américain Colin Powell a demandé vendredi à plusieurs pays membres de la coalition en Irak d'étudier la possibilité d'envoyer plus de soldats sur place ou de prolonger leur présence au-delà du 30 juin, date du retour à la souveraineté irakienne.