Défaite - Les clubs algériens sont complètement passés à côté de la première manche du second tour des compétitions continentales, disputées le week-end dernier. Avec les résultats enregistrés dans les différentes compétitions, ils ont tout simplement hypothéqué sérieusement leurs chances de qualification au prochain tour. Cela fait dix ans qu'aucun club algérien n'a inscrit son nom sur le socle d'un trophée africain des clubs, soit depuis le fameux triplé d'affilée réalisé par la JS Kabylie en coupe de la CAF avant que cette compétition ne se transforme en coupe de la Confédération. Ce constat est à lui seul un indicateur sur ce qu'on peut désigner d'une véritable traversée du désert pour notre football dans les compétitions africaines de clubs qui restent, qu'on le veuille ou non, le réel baromètre du niveau et de la performance de nos formations qui, souvent, bombent le torse intra-muros. Le week-end dernier, les trois clubs engagés en Ligue des Champions (ASO Chlef et JSM Bejaia) et en Coupe de la CAF (ES Sétif), avec tous le même objectif celui d'atteindre la phase de poules, ont raté leur match face à des adversaires loin d'être les grands mastodontes du continent, même si le Vita Club de Kinshasa ou le SC Simba ont de vieilles traditions dans les compétitions continentales. Evidemment, en football tout reste possible puisqu'il reste un match retour, mais il faut avouer que nos clubs n'ont pas réussi à se mettre à l'abri, notamment pour les Bejaouis, battus à domicile par les Ivoiriens l'AF Amadou Diallo (1 à 2) qui participent pour la première fois à la Ligue des Champions, voire à un degré moindre pour les Chélifiens qui ont concédé le match nul vierge face aux Congolais du Vita Club dont l'unique titre de champion d'Afrique des clubs remonte à 1973. Au vu de la prestation de nos clubs, il y a lieu de s'inquiéter puisque ni la JSMB ni l'ASO n'ont fourni le rendement escompté, notamment à domicile où ils avaient l'obligation de faire le jeu et de faire preuve de réalisme voire d'efficacité. Face à une Académie – le mot est lancé puisqu'il est lié à la formation – fraîchement créée, les Bejaouis ont montré leurs limites, et ce n'est pas leur entraîneur, le Français Alain Michel qui dira le contraire, lui qui reconnaîtra le rendement pathétique de son équipe et la difficulté de la tâche lors de la manche retour, prévue le 7 avril prochain à Abidjan. De son côté, le coach Ivoirien Amani Yawo avait vu juste en confirmant les intentions de ses joueurs : «Certes nous ne possédons aucune information sur notre adversaire, mais nous sommes venus pour réaliser un grand match afin de décrocher la victoire.» Coupe de la CAF : FC Simba 2 - ESS 0 Chronologie d'une débâcle prématurée L'ES Sétif n'a pu faire mieux que la JSM Béjaïa et l'ASO Chlef en compétition africaine. Après que ces deux dernières formations ont été contraintes de concéder des contre-performances à domicile, les espoirs des Algériens reposaient sur les Sétifiens pour sauver les meubles, eux qui donnaient la réplique, hier après-midi, aux Tanzaniens du FC Simba pour le compte des 32es de finale-aller de la Coupe de la CAF. Mais loin s'en faut puisque les protégés du Suisse Alain Geiger se sont inclinés sur le score de (2-0), face à une redoutable et coriace équipe locale, laquelle, et après avoir achevé la première période sur un score nul et vierge, s'est mise vite en attaque de retour des vestiaires pour obliger le gardien Benhammou à ramasser la balle à deux reprises de son nid. Il est vrai, comme l'a déclaré Hassen Hammar, que les chances des Sétifiens demeurent toujours intactes pour passer l'écueil des Tanzaniens à deux semaines de la manche-retour, et c'est tout le mal qu'on leur souhaite, mais à voir la production des deux équipes, hier, et les différents problèmes, notamment financiers, dans lesquels sont confrontés Diss et consorts, on est tenté de dire qu'il leur sera des plus ardus de remonter ce retard, sauf si les choses rentrent, d'ici là, dans l'ordre pour permettre aux joueurs de se préparer dans la sérénité, eux qui jouent sur trois fonts. Et même s'ils gardaient cette lueur d'espoir, les supporters sétifiens savaient pertinemment que la tâche des siens ne sera pas de tout repos à Dar Essalem, puisqu'en plus des deux défections de taille qu'a enregistrées la délégation, en la personne de Djabou et Aoudia, le problème de primes et salaires qui a éclaté peu avant le départ vers la Capitale tanzanienne, et les menaces de certains joueurs, à l'image de Belkaïd, de ne pas faire le déplacement, ont dégagé un pressentiment que quelque chose n'allait pas tourner rond lors de ce périple. Ayant eu écho de l'ambiance morose qui régnait dans le groupe, Serrar a pris attache avec les joueurs, pour les inciter à mettre tout cela de côté et de ne penser qu'à enchanter les couleurs nationales, en tenant, en outre, à les rassurer que leur problème sera réglé dès le retour au pays. Les tentatives de Serrar se sont avérées vaines avec cette défaite qui vient compliquer la tâche de poursuivre l'aventure africaine. La direction sétifienne est appelée, ainsi, à tout faire pour désamorcer cette bombe qui les attend dès le retour des joueurs au pays, étant donné que le fossé risque de s'élargir entre les deux parties, ce qui pourrait, fort probablement, transformer le joli rêve que sont entrain de vivre les supporters en cauchemar. Les promesses non-tenues deviennent monnaie courante chez la majorité écrasante des dirigeants des clubs algériens, et Serrar est désormais conscient qu'il ne pourra se permettre d'agir de la sorte surtout qu'il est attendu, cette fois-ci, au premier virage par ses joueurs. Hammar : «Nous allons renverser la vapeur à Sétif» Le président de l'Entente sportive de Sétif, Hassan Hammar, s'est dit confiant quant à la possibilité de son équipe d'assurer sa qualification pour les 8es de finale de la Coupe de la CAF, en dépit de la défaite concédée hier après-midi à Dar Es-Salam face au club tanzanien du FC Simba (2-0), en match aller des 16e de finale. «Je reste confiant quant à nos chances de nous qualifier pour le prochain tour. Une défaite reste une défaite, mais vu les conditions météorologiques qui ont prévalu au cours de la rencontre, avec notamment un taux d'humidité qui a avoisiné les 85 %, je suis persuadé que les joueurs auront une bonne réaction dans deux semaines à Sétif et seront capables de renverser la vapeur. L'équipe était bien en place, jusqu'à la 70e minute où elle a encaissé le premier but, ensuite les joueurs n'ont pu résister à l'humidité et ont fini par concéder un deuxième but en fin de match. Avec le retour des joueurs blessés (Aoudia, Hachoud et Karaoui), l'équipe aura fière allure lors de la 2e manche à Sétif». ASO L'impuissance chélifienne Que dire des hommes de Noureddine Saâdi dont les tentatives inefficaces se sont brisées sur la muraille défensive du Vita Club, laissant passer leur chance d'aller à Kinshasa avec un avantage confortable qui leur éviterait la furia des Dauphins Noirs et la pression des 80 000 supporters qui garniront le stade des Martyrs. Avec des circonstances plus atténuantes, les Sétifiens, qui ont évolué dans des conditions climatiques extrêmes – mais c'est l'Afrique ! - avec grosse chaleur et haute humidité en sus, devront cravacher dur au match retour dans leur fief du 8 Mai 1945 pour remonter le score et décrocher une qualification qui sauverait l'honneur d'un football Algérien qui traîne à l'international et dont les causes sont connues par tout le monde : absence d'une véritable politique de formation, des clubs loin des standards requis des grands d'Afrique sur tous les plans, un niveau de championnat tout juste moyen, un endettement et des problèmes à répétition qui ont amené les dirigeants d'un club comme la JS Kabylie, le meilleur représentant Algérien dans l'histoire des compétitions du continent, à décider de se retirer de l'édition 2012. C'est un signe qui ne trompe pas sur le déclin de notre sport-roi en Afrique.