Décision - «Le sommet ne réclamera pas le départ du président syrien, Bachar al-Assad». C'est ce qu'a indiqué, hier, le chef de la Ligue arabe, Nabil al-Arabi. L'avenir du régime syrien, acteur incontournable durant des décennies au sein de la Ligue, sera le principal sujet de discussion du sommet qui se tient cette semaine, pour la première fois depuis plus de vingt ans en Irak. Entourés de mesures de sécurité exceptionnelles après une série d'attentats qui ont ensanglanté Bagdad, il y a une semaine, les dirigeants arabes débattront des moyens de mettre un terme à la violence en Syrie. Mais de probables divergences risquent d'empêcher l'adoption de décisions tranchées lors de cette rencontre débutant avec des réunions ministérielles demain, suivies par le sommet proprement dit jeudi. En l'absence de la Syrie, la Ligue arabe devra trouver un moyen de concilier deux positions : celle radicale des pays du Golfe, en particulier l'Arabie saoudite et le Qatar, qui veulent armer l'opposition syrienne pour écarter Bachar al-Assad, et celle qui privilégie la diplomatie. «La question de la Syrie n'est pas facile. Il y a une division au niveau international et au sein du monde arabe», explique le conseiller adjoint pour la sécurité nationale irakienne. «Il ne faut pas espérer de miracles lors du sommet, mais il sera peut être possible de rapprocher les points de vue», poursuit-il. Les autorités irakiennes souhaitent consacrer une partie des débats aux réformes structurelles qui pourraient rendre la ligue plus efficace. Mais la Syrie restera le sujet principal, d'autant que les initiatives diplomatiques se poursuivent. Bagdad ne croit pas à une nouvelle résolution sur la Syrie : «Nous devons chercher à appliquer les anciennes résolutions arabes ainsi qu'à relancer le plan d'action et l'initiative arabes», a expliqué le vice-ministre des Affaires étrangères, Labid Abawi. Les participants entérineront en revanche une donne entièrement nouvelle depuis les révolutions qui ont fait chuter quatre «patriarches» du monde arabe: l'Egyptien Hosni Moubarak, le Yéménite Ali Abdallah Saleh, le Tunisien Zine El Abidine Ben Ali et le Libyen Mouammar Kadhafi, qui totalisaient 110 ans au pouvoir. Ce sommet de l'après-révolution comportera un autre aspect inédit. Pour la première fois depuis sa création, en 1945, il sera présidé par un Kurde, le chef de l'Etat irakien Jalal Talabani. Le Conseil de la Ligue arabe, composé des ministres des Affaires étrangères, sera, lui aussi, dirigé par un Kurde, Hoshyar Zebari. Cette réunion marquera le retour de l'Irak, qui a été mis au ban du monde arabe en 1990 après l'invasion du Koweït, et qui a perdu sa souveraineté avec l'invasion conduite par les Etats-Unis en 2003. Le pays a retrouvé son indépendance avec le départ des forces américaines fin 2011 mais la sécurité y est encore des plus fragiles.