On a trop parlé d'investissement sans voir de bons opérateurs palpables et créateurs d'emplois, hormis les opérateurs de téléphonie mobile. C'est qu'il existe en Algérie un capital financier trop important pour laisser les gros trusts et les multinationales indifférents quant à l'importance du marché où l'offre est des plus alléchantes. Avec l'ouverture économique, de nouvelles mœurs ont émergé et l'on assiste depuis plusieurs années à l'explosion littérale de la consommation à crédit. Toutes les formes et toutes les facilités sont proposées aux ménages et ces placards publicitaires que l'on croyait dévolus à d'autres pays foisonnent dans nos journaux où les grandes marques de l'électroménager attirent le chaland et lui font d'incroyables cadeaux où il peut repartir avec un réfrigérateur de très grande marque à raison de 200 DA par jour ! Beaucoup de familles algériennes se sont ruées sur l'électroménager et se sont équipées en produits haut de gamme pour quelques milliers de dinars par mois. Hormis le fait qu'un produit électroménager est payé jusqu'à 30% de plus que sa valeur initiale lorsqu'il est acheté à crédit – les spécialistes ès-finances pourront toujours rétorquer que c'est de bonne guerre et que ce sont là les règles qui régissent tout crédit à la consommation et que toute monnaie connaît son érosion et sa dévaluation avec le temps –, il convient juste de se poser la bonne question : ces crédits consentis à grande échelle boostent-ils notre économie nationale ? Contribuent-ils au taux de croissance tant recherché ? Il faut savoir raison garder et admettre une bonne fois pour toutes que ces crédits sont la face apparente et faussement attrayante d'un système qui, en plus d'endetter les ménages algériens, génère surtout d'immenses profits qui tombent dans l'escarcelle de ces grandes marques dont le siège est en Europe. L'histoire d'un client ordinaire qui signe un contrat pour l'achat de quelques produits électroménagers qu'il paye en mensualités se répète tous les jours : le fournisseur, après lui avoir déroulé le tapis rouge et une fois le contrat signé, lui «propose», pour ne pas dire lui «impose», de repasser quelques jours après pour récupérer ses objets. Il laisse passer plus que le délai imparti et se présente donc comme convenu chez le fournisseur : ceux-là-mêmes qui l'accueillirent comme un messie s'empressent de le malmener en lui «fourguant» une marchandise incomplète et comme il rouspète, c'est l'agent de sécurité en personne et en muscles qui se chargera de mettre littéralement dehors le trouble-fête qui eut l'indécence de venir réclamer les pièces qui manquent à son «butin». Cette malheureuse anecdote n'est pas un incident isolé et illustre l'état d'esprit mercantile qui anime les fournisseurs à la solde de certaines multinationales qui ont désormais pignon sur rue et dont personne ne se soucie, même si on sait que dans un pays voisin, on s'est affairé à construire une usine d'une célèbre marque qui est revendue ici. L'Algérie, ce comptoir, cet immense marché où l'argent coule à flots, est une aubaine pour toutes les grandes maisons de produits de consommation. Chut ! On apprend que la Tunisie a une forte présence économique en Algérie. A elle nos touristes. A nous ses produits. Et les séjours touristiques à crédit, c'est pour quand nos frères ? Enfin de quoi je me mêle ? Khelli l'bir beghtah.