Faut-il dormir sur ses lauriers et s'en tenir aux déclarations si rassurantes de certains «spécialistes» qui nous affirment que l'Algérie est à l'abri de la crise financière qui secoue le monde ? Bien sûr que non. D'abord pour la simple raison que notre pays fait partie d'une configuration mondiale en étant un maillon comme tous les pays du monde. C'est-à-dire qu'il est soumis aux aléas boursiers et est impliqué de près ou de loin dans la circulation et des marchandises et des capitaux et surtout étant partie intégrante d'un système monétaire mondial où dominent l'euro et le dollar : tant qu'on exprime nos réserves de change en monnaie nord-américaine et nos transactions financières en euro, nous sommes concernés par la crise. Plus profondément, affirmer que nous sommes à l'abri d'une secousse est sûrement vrai dans l'immédiat, au moment ou le pays compte sur un confortable matelas en devises estimé à plus de 130 milliards de dollars, ce qui, il faut en convenir, a de quoi rassurer les plus pessimistes. Dans l'immédiat seulement. Car ce qu'on omet de dire, c'est que cette manne financière est générée par une ressource qui est non seulement périssable mais surtout sujette à d'importantes fluctuations qui peuvent faire chuter le prix du baril à une cadence insoupçonnée comme ce fut le cas en 1986 quand le baril atteignit 6 dollars provoquant ainsi une crise sociale sans précédent. Quoi qu'en disent certains polémistes, cette crise était la résultante d'une malvie générée par la brusque chute du cours du pétrole alors principal pourvoyeur du trésor algérien. Or aujourd'hui, que constatons-nous ? Que tout cet argent n'a pas été utilisé à bon escient puisque toutes les tentatives – à condition qu'il y en ait eu – ont échoué de l'aveu même du président de la République. Que ce fut au niveau de l'agriculture ou de celui de l'industrie, rien de vraiment important n'a été réalisé et aujourd'hui on évoque ces deux secteurs locomotives de l'économie nationale sous l'angle de l'échec. Même chose pour l'agriculture, entièrement soumise à l'importation de produits de base telles les céréales. Les autres secteurs ne sont pas épargnés non plus et à quantifier les biens d'équipement, l'électroménager, les effets vestimentaires, les médicaments et tous les produits culturels dérivés, l'on prend conscience de la dépendance totale du pays vis-à-vis des économies étrangères qui nous les fournissent par bateaux entiers. Les étals de nos épiceries débordent actuellement de produits et de gâteaux achetés en devises fortes et cela donne l'apparence d'une opulence. Jusqu'au jour où, comme en 1986, il faudra des connaissances bien placées pour se débrouiller un paquet de café ou une plaquette d'œufs ! Alors faudra-t-il, à l'instar des grandes puissances, avoir recours à la planche à billets pour sauver une économie en déroute ? Enfin de quoi je me mêle ? Khelli l'bir beghtah.