Chaque année scolaire, on jubile du côté du ministère de l'Education nationale. C'est aussi la fiesta. Le nombre d'enfants scolarisés à travers le pays est chaque année plus important que celui de l'année d'avant et l'on claironne même, à l'avance, les prévisions du taux de réussite aux différents examens. On claironne aussi sur les réformes apportées chaque année pour faire de ces prévisions une réalité. La question qui se pose est très simple : la qualité d'un enseignement se mesure-t-elle au nombre de lauréats prévus à l'avance ? Sûrement pas, quand on sait l'effroyable baisse du niveau en cours depuis plusieurs années et surtout le manque tragique de débouchés. D'ailleurs, cette déperdition de jeunes diplômés est heureusement récupérée par l'Armée nationale populaire qui bénéficie d'un grand crédit dans les milieux universitaires quant au sérieux des études dispensées et surtout aux débouchés garantis. Avant, les études militaires se limitaient à des spécialités maison, tels le Génie, l'ingéniorat en transmissions et toutes ces techniques propres à un corps d'armée. Aujourd'hui, même les littéraires peuvent faire carrière dans l'armée et de grandes opportunités leur sont offertes, que ce soit dans le domaine du droit ou des sciences humaines, ce qui est un signe de professionnalisation de l'armée. Cela veut-il dire que la scolarité «civile» n'offre pas autant d'opportunités que le domaine militaire ? Sûrement, sinon comment expliquer cet engouement qui n'existait pas quelques années auparavant. Surtout depuis que l'école algérienne forme des chômeurs, produits de réformes annuelles qui innovent chaque rentrée sans que le taux de harraga diminue. Il faudrait peut-être revoir les programmes sans tabou et admettre une bonne fois pour toutes que l'arabisation menée tambour battant depuis plusieurs décennies a lamentablement échoué. Se résoudre à utiliser opportunément ce «butin de guerre» qu'est la langue française, combattue plus pour des raisons idéologiques que pour des considérations d'ordre pédagogique. Rompre définitivement avec ces fanfaronnades qui font l'éloge des arabes maîtres à penser des mathématiques, de l'astronomie et de la médecine. C'était dans une autre vie. A propos, comment dit-on «butin» en arabe ? Enfin, de quoi je me mêle ? Khelli l'bir beghtah.