Réalité - Le film illustre visiblement une problématique politique, celle des réfugiés. La projection du film Monsieur Lazhar, une production canadienne, réalisé par Philippe Falardeau, a eu lieu, jeudi, à la salle Cosmos (Riad-el-Feth). L'initiative de l'ambassade du Canada entre dans le cadre des journées d'expression francophone pour l'année 2012 qui se tiennent à Alger du 29 au 31 mars. Le film est un drame. Il raconte l'histoire de Bachir Lazhar (le personnage est interprété par l'humoriste algérien Mohamed Fellag), un réfugié politique algérien, s'installant au Canada (Montréal) et se voyant devenir instituteur. Il remplacera dans une école primaire une enseignante qui s'est suicidée, créant le désarroi parmi les élèves. Mais cette situation cache un autre drame, celui de sa femme, morte dans un incendie criminel avec sa fille et son fils. Cette dure épreuve va le pousser à surmonter sa nouvelle mission et ouvre son cœur aux élèves attachants, malgré le fossé culturel qui apparaît dès la première leçon. Alors que la classe est en train de panser ses plaies, personne à l'école n'est au courant du passé douloureux de Bachir, qui peut être expulsé du pays à tout moment vu son statut de réfugié. Le film, qui raconte une tragédie personnelle, celle de Bachir Lazhar, illustre visiblement une problématique politique, à savoir le problème des réfugiés. Il s'agit d'une réflexion sur cette réalité, c'est-à-dire la place de l'émigré dans la société d'accueil. Parvenant à construire une histoire touchante de bout en bout, le film traite donc de l'immigration au Québec et de ses implications sur la société. Monsieur Lazhar est aussi un film chargé de tendresse, de bonté et d'humanité. C'est un film plein d'humilité : Bachir Lazhar, blessé au plus profond de son âme et de son être, bien qu'il soit déraciné, en mal de repères dans sa nouvelle vie, arrive à surmonter ses souffrances et inquiétudes, en se rapprochant des enfants qui se révèlent très attachants. Et malgré la différence des cultures, ils arrivent à s'entendre et à communiquer. La compréhension s'installe entre l'instituteur et les élèves, et ce, par «l'enseignement des mots et de la culture», les aidant donc à surmonter le traumatisme causé par la disparition subite de leur institutrice. Il leur enseigne l'amour, le respect de soi et de l'autre, de la différence et de la tolérance, même s'il faut bousculer quelques tabous bien enracinés dans les mentalités. Ils aiment comme s'ils étaient les siens. Ils finissent par mieux se connaître. Ainsi, le film, qui met en parallèle le monde des adultes, un univers froid et procédurier, et celui des enfants, beaucoup plus émotif, représente en soi «une belle image de la différence des cultures et de l'évolution d'une société qui cherche encore des moyens d'intégrer ses nouveaux résidents». Réalisé en 2011, Monsieur Lazhar est une adaptation d'une pièce de théâtre d'Evelyne de la Chenelière. Monsieur Lazhar a décroché plusieurs prix lors de divers festivals internationaux de cinéma, dont le prix du Public et le prix Variety du festival du film de Locarno (Suisse, 2011), prix spécial du Jury et prix du Public au Festival international du film francophone de Namur (Belgique, 2011). Le film a représenté le Canada aux Oscars de 2012 dans la catégorie du meilleur film de langue étrangère. Les Journées d'expression francophone sont organisées du 29 au 31 mars à Alger par l'ambassade du Canada en Algérie. Le programme de cette manifestation culturelle a comporté un spectacle de magie de l'Algéro-Canadien Fouad Filali, fondateur de l'organisation caritative «Magiciens sans frontières», ainsi que des projections de films d'animation pour enfants.