Résumé de la 2e partie Bent Al-Khass, qui a vécu à une époque immémoriale, laisse, dans les régions du Sud algérien, le souvenir d'une femme sage, célèbre par ses répliques et ses sentences. Si certains récits, font du père de Bent Al-Khass un riche cultivateur, d'autres le montrent dans le dénuement. Un jour, des voyageurs de passage frappent à sa porte dans l'intention de lui demander l'hospitalité. Or, il n' y a rien à manger à la maison et, de honte, le pauvre homme se cache. Sa fille s'étonnant de son comportement, lui dit : ? Tu as toujours dit que la générosité est ce qu'il y a de plus élevé. ? Il n'est pas dans mes habitudes de refuser l'hospitalité à des étrangers de passage, lui répondit-il tristement, je n?ai rien à offrir à ces gens. Pas un seul grain d?orge ou de blé pour faire de la galette ou du couscous ! ? Donne l'hospitalité à tes hôtes ! dit la jeune femme, je m'occupe du dîner ! Le père, qui connaît la sagesse et l'ingéniosité de sa fille, va donc recevoir ses hôtes. Peut-être que Bent Al-Khass, se dit-il, va emprunter du grain aux voisins et préparer un dîner... Mais la jeune femme ne fait rien de cela : elle va dans l'enclos des chameaux et éventre les bâts rembourrés d'épis de blé, vestiges d'une période d'abondance. Elle les décortique, les passe à la meule, en tire une farine avec laquelle elle roule du couscous. Bientôt, le plat est prêt et les hôtes peuvent manger à leur faim. Une fois les hôtes partis, la jeune femme dit à son père ce mot, devenu célèbre : «Al djûd mîn alwûdjûd», la générosité se fait avec ce que l'on trouve ! Bent Al-Khass est l'auteur de nombreuses sentences sur la générosité mais aussi sur la vie, la nature, les travaux et les jours... Un jour, apercevant un champ fleuri, elle s'exclame : ? Quelle belle culture, son propriétaire devrait la défendre ! ? C'est un lieu sûr, dit le père, il ne risque rien ! ? Si, dit-elle, le plus grand danger qui guette un propriétaire, c'est l'endettement ! Un jour, son père lui demande : ? Les jours sont-ils plus nombreux que les nuits ou les nuits plus que les jours ? ? Ce sont les jours qui sont plus nombreux ! ? Et pourquoi donc ? ? Parce que les nuits de pleine lune sont éclairées comme le jour. Un autre jour, elle dit à son père : ? Il y a trois choses qui honorent un homme (littéralement qui rougissent la face) et trois choses qui humilient (littéralement qui jaunissent la face), les connais-tu ? ? Non, dit le père. ? Eh bien, les trois choses qui font honneur à un homme sont : connaître son lignage, fréquenter les filles de bonne famille et se contenter de ce que l'on a «elli ya 'âref alnasb, welli ya 'dref bnat alnesb, welli yeqnad b-nss'ib elli yeknaâ b-nss?ib elli yekseb !» ? Et les choses qui humilient l?homme ? ? Aller pieds nus (c'est-à-dire être démuni), être chargé d'un fardeau et posséder une femme dépensière ! «mechyet leh fa, wa- refd elqufa, w-lemra ettalfa». (à suivre...)