Elections - Cinq candidats se lancent dans la course avec plus ou moins d'atouts. Nicolas Sarkozy avait incarné un espoir de rupture. Impatient et volontariste, brouillon et brutal, choquant dans sa manière d'exercer le pouvoir au point de finir le président le plus mal aimé. Un homme pressé et engagé à droite à 19 ans, il est élu maire à 28 ans, député à 34, nommé ministre pour la première fois à 38, élu chef de l'Etat à 52. En arrivant au pouvoir avec 53% des voix en mai 2007. Il devient «président bling-bling». Il se laisse aller en disant «casse-toi pauvre con» lancé à un homme qui refuse de lui serrer la main. Au-delà de la divergence politique, tout oppose le président sortant à François Hollande dont les détracteurs moquent la mollesse, l'indécision et l'inexpérience par des mots : «Glissant», «incapable de trancher», «flou». Hollande, longtemps tout en rondeurs et traits d'humours, avait gagné dans sa propre famille politique le surnom peu flatteur de «flanby» (flan au caramel). A 57 ans, François Hollande affirme qu'il sera «la personne qui peut changer le pays». «Ne vous laissez impressionner par rien», lance-t-il à des Français qu'il ne fait pas toujours rêver, mais pour qui il reste le seul à incarner une alternative à Nicolas Sarkozy. Trois autres candidats à l'élection présidentielle, l'un à la gauche de la gauche, la seconde à l'extrême droite et le troisième au centre, aspirent à bousculer le duel entre Sarkozy et Hollande et rêvent de créer la surprise. Jean-Luc Mélenchon, le phénomène. Cet ancien ministre et sénateur socialiste de 61 ans a réveillé les rêves égalitaires et universalistes que la gauche française avait hérités des Lumières et des révolutions du 19e siècle. Il proclame que la social-démocratie européenne est «un astre mort» et puise son inspiration dans les mouvements populaires d'Amérique latine qui ont porté au pouvoir Luiz Inacio Lula da Silva au Brésil ou Hugo Chavez au Venezuela. M. Mélenchon est crédité de 15% d'intentions de vote. Marine Le Pen, 43 ans, dont le parti, le Front national, est solidement installé dans le paysage politique, se voyait bien réitérer l'exploit de son père Jean-Marie en 2002, lorsqu'il avait évincé au premier tour le socialiste Lionel Jospin et affronté Jacques Chirac au second tour. Mais après un début de campagne en fanfare, elle est reléguée au quatrième rang dans les sondages. François Bayrou, le candidat centriste, avait été le troisième homme de l'élection de 2007. Ce solitaire orgueilleux s'est lancé pour la troisième fois dans la course à l'Elysée. Avec des sondages en berne, il appelle l'Etat à «dépenser moins et servir mieux», et avertit que «c'est la dernière fois qu'on peut sauver le modèle social et républicain».