Production - Après le film Benboulaïd d'Ahmed Rachedi, un long métrage sur Ahmed Zabana est porté à l'écran. Les cinéphiles algériens peuvent découvrir la bande annonce du film Zabana sur le site officiel www.zabanalefilm.com La bande annonce donne un aperçu du film et montre, à première vue, une production techniquement réussie. Le film retrace les derniers jours de l'une des grandes figures de la guerre de libération nationale, Ahmed Zabana. Ce personnage, devenu légendaire, a inspiré une chanson qui fait désormais partie du terroir et qui a été reprise par le groupe raïna raï dans les années 1980. Notons que la sortie de ce film coïncide avec la célébration du cinquantenaire de l'indépendance de l'Algérie. Il a été déposé auprès du comité de sélection de la 65e édition du Festival de Cannes qui se déroulera du 16 au 27 mai. On saura jeudi prochain s'il est retenu. «Dans tous les cas, l'Agence algérienne du rayonnement culturel, qui est le coproducteur, compte, selon la production, organiser, le 18 mai prochain, sur le pavillon algérien (il s'agit là d'une première), la journée du film Zabana, en présence du réalisateur, des deux comédiens principaux du film, avec une mini-exposition de photos de tournage…», selon l'équipe de production. La prochaine édition du Festival de Cannes aura-t-elle son nouveau Hors-la-loi ? Ce film créera-t-il la même polémique ? Car la condamnation à la guillotine d'Ahmed Zabana, un nationaliste algérien, militant invétéré pour la cause de l'indépendance de l'Algérie, a fait couler beaucoup d'encre. Et c'est six mois après son exécution que la Bataille d'Alger éclata. Selon la bande annonce, le film met en scène le personnage de François Mitterand (le rôle est tenu par Jean-Marie Galey), ancien président de la République française, qui était, pendant la glorieuse Révolution de Novembre, ministre de la justice, et c'est lui, en tant qu'autorité suprême de la justice, qui a donné l'ordre de guillotiner Ahmed Zabana, alors que d'autres parties s'y étaient opposées, trouvant là une provocation. Ce film aborde ainsi pour la première fois à l'écran (aussi bien en Algérie qu'en France) le sujet de la première exécution par guillotine du 1er militant algérien du FLN. Il aborde aussi le procès de Zabana, qui constitue un moment unique au cours duquel Me Thuvenny (un des avocats de Zabana, assassiné par la suite, par la Main rouge) fait le procès de la colonisation depuis le décret Crémieux au soulèvement du 8 Mai 1945. D'une durée de 1h 50 et tourné en version scope, le film se base sur les confidences de Ali Zamoum, le plus proche compagnon de Zabana en prison – le rôle est tenu par Khaled Benaïssa. Il se base également sur des documents confidentiels qui auront permis la reconstitution du Conseil des ministres (15 février 1956) et de la réunion du Conseil supérieur de la magistrature (5 juin 1956), les deux présidés par René Coty, chef de l'Etat français à l'époque et «animés» par le ministre de la Justice, François Mitterrand. - Produit par Laith Media, ce long métrage consacré à ce martyr de la guerre de libération, est réalisé par Saïd Ould Khelifa. Le scénario est de Azzedine Mihoubi. L'idée du scénario est partie, selon son auteur, d'une pièce de théâtre sur le héros Zabana, déjà mise en scène sur les planches du Théâtre régional d'Oran. Azzedine Mihoubi dira s'être documenté pour l'écriture du scénario. «Il a fallu aller à Oran, selon l'auteur, rencontrer le frère de Zabana, Abdelkader, sa fille, ses amis et compagnons et récolter ainsi toutes sortes d'informations sur lui et sur son enfance», dit-il, et de poursuivre : «J'ai rencontré le dernier survivant qu'il a connu en la personne du moudjahid Stambouli pour en savoir plus sur la jeunesse de Zabana.» Azzedine Mihoubi s'est aussi intéressé à la lecture des Mémoires de Ali Zaâmoum auquel un hommage est ici rendu à travers ce film pour étoffer l'écriture du scénario.«Les écrits historiques des Français ont été également une source tout aussi importante pour la documentation, a fortiori sur le rôle qu'a joué François Mitterrand dans l'exécution de Zabana», ajoute-t-il. Et c'est Imad Benchenni qui campe le rôle de Ahmed Zabana, le premier Algérien à être guillotiné par les autorités coloniales. S'exprimant pour sa part sur le rôle qu'il incarne, Imad Bencheni, qui s'est dit facilement adapté au rôle, dira : «J'ai essayé d'incarner le plus fidèlement possible la personnalité du héros qui avait au début des événements, à peu près, mon âge. J'ai fait tout mon possible pour être convaincant et j'attends le verdict du public». Notons que le projet remonte à 2009. S'exprimant sur ce retard, Yacine Laloui dira : «La télévision avait intégré la production comme partie prenante et avait validé le projet. Il se trouve qu'au moment de la mise en place de la production, il s'est avéré que le financement proposé par la télévision était bien en deçà des attentes avec 30% de moins que ce qui était attendu. Cela ne pouvait même pas suffire à financer un feuilleton télé. Il a fallu donc revenir aux ministères de la Culture et des Moudjahidine pour demander un soutien supplémentaire et combler cette carence budgétaire. Alors qu'on devait entamer le tournage en novembre 2010, on n'a pu le faire qu'en mai 2011...".