Scène Il est 10h. Une vingtaine de femmes se bouscule dans les couloirs d?une clinique d?accouchement publique à Alger. Ici, c?est leur territoire puisque l?accès est interdit aux hommes. Seuls les nouveaux papas ont le droit d?entrer, plus précisément à l?étage supérieur pour rendre visite à la maman et au nouveau-né. Le responsable de la sécurité ne tente même pas de mettre de l?ordre. Dès qu?une femme apparaît de l?intérieur du cabinet de la gynécologue, une seconde essaye de se frayer difficilement un chemin parmi la foule afin d?accéder à la salle. «Je suis là depuis 7h et je ne suis pas encore passée pour une visite médicale chez la gynécologue», confie une patiente. La salle d?attente, qui se trouve à proximité, est archicomble. Le hic : ces patientes attendent toutes pour une consultation chez la même gynécologue. Il faut dire que cette clinique est réputée pour avoir de bons médecins. L?inconvénient, c?est que le nombre de visites médicales et d?accouchements qu?elle assure, chaque année, est au-delà de ses capacités matérielles et humaines. «On fait avec ce qu?on a. On ne peut pas refuser de prodiguer les soins aux patientes qui frappent à notre porte», explique un médecin. 15h 30. Trois femmes enceintes viennent d?arriver à la clinique avec leur valise pour un accouchement. La gynécologue de garde est, depuis plusieurs heures, au bloc pour une césarienne. Elle en ressort les sabots pleins de sang. Ce médecin doit assurer ensuite les urgences. Des femmes attendent toujours leur tour dans la salle d?attente au rez-de-chaussée. L?une d?elles précise qu?elle est là depuis 11 h. «Je suis passée pour une consultation et j?attends pour une échographie», dit-elle. Une autre, assise à côté, un bébé à genoux, vante les mérites des médecins de cette clinique où elle avait accouché au forceps, cinq mois auparavant. Elle signale cependant que l?hygiène laisse à désirer. «J?ai été admise pour cinq jours durant lesquels j?ai vraiment souffert du manque d?hygiène», raconte-t-elle. Selon elle, «la salle d?accouchement n?est pas reluisante sans parler des sanitaires qui sont très sales.» En effet, des odeurs nauséabondes émanent des sanitaires qui se trouvent au sous-sol. Dans la salle de consultation, le billard n?est pas recouvert de draps de protection. Mais il faut dire qu?en dépit de la surcharge, les heureuses mamans garderont l?image d?un personnel courtois et surtout disponible.