L'opération «un casier pour chaque écolier», annoncée en grande pompe il y a plusieurs années et qui devait éviter aux élèves de traîner un cartable lourd, n'est finalement qu'un vœu pieux. Conséquence : le nombre d'écoliers atteints de scoliose ne cesse d'augmenter. Les unités de dépistage et de suivi du service de la santé scolaire ont recensé 4 014 cas confirmés de scoliose dans les établissements scolaires à travers plusieurs wilayas du pays. Plus de la moitié des cas ont été recensés dans les écoles primaires et les autres dans des collèges et des lycées, précisent des sources sanitaires. La progression de la scoliose, une déformation non réductible de la colonne vertébrale, serait due notamment à la lourdeur des cartables. «Les cartables scolaires ne cessent de prendre du poids, faisant la hantise des petits écoliers», nous dit un membre de la Fédération nationale des parents d'élèves. Les cartables sont devenus effectivement un fardeau pour les frêles épaules des écoliers, poussant ainsi les médecins à tirer de nouveau la sonnette d'alarme. Le poids moyen d'un cartable scolaire d'un collégien tourne désormais autour de 15 kilos, soit près du tiers du poids de la majorité des écoliers. «Le poids du cartable ne doit guère dépasser 10% du poids de l'élève», selon un médecin. Cette progression de la scoliose préoccupe les médecins et les parents d'élèves, puisque cette maladie a des conséquences à long terme sur les sujets atteints : «Gêne respiratoire, avec diminution de la capacité vitale, douleurs rachidiennes fréquentes et parfois aiguës, des risques de retentissement psychologique en raison de l'atteinte de l'image corporelle», explique le médecin. Même les services de la santé scolaire mettent en cause le poids excessif des cartables portés par les jeunes écoliers. «La situation s'est aggravée ces trois dernières années avec la décision du ministère de l'Education d'adopter le semi-week-end universel. Les cartables sont ainsi devenus de plus en plus lourds. Ils sont chargés d'une dizaine de livres et cahiers pour s'adapter aux nouveaux programmes scolaires», explique aussi le représentant de la Fédération des parents d'élèves. «Ce poids des cartables semble affecter les capacités d'assimilation des élèves, qui se fatiguent prématurément et n'arrivent pas à suivre leurs cours», affirme une enseignante. «De nombreux parents sont contraints d'aider leurs enfants en leur portant leur cartable, et ce, jusqu'à l'entrée de l'école», ajoute notre interlocutrice. Selon plusieurs enseignants, «le poids excessif du cartable est lié aux nouvelles réformes introduites et le rajout de matières nouvelles». La solution, selon eux, «consiste à revoir les emplois du temps qui doivent être impérativement réadaptés». La décision prise par le ministère de l'Education en 2008, un casier pour chaque élève du primaire, est reléguée aux calendes grecques. Il est à rappeler que l'année passée, les unités de dépistage et de suivi (UDS) ont recensé 12 514 cas de déformations de la colonne vertébrale chez les élèves.