Chiffre - Pour avoir une bonne couverture sanitaire spécialisée, il faut avoir entre 14 000 et 15 000 spécialistes. Actuellement, le nombre de médecins spécialistes est estimé à 8 000. Le déficit est d'au moins 6 000 à 7 000 médecins spécialistes. Ces chiffres nous ont été communiqués, hier, par Mohamed Yousfi, président du Syndicat national des praticiens spécialistes de la santé publique (Snpssp), en marge d'une conférence de presse animée à Alger. «Le problème est plus grave encore, il réside dans la répartition de ces médecins. Ce n'est pas avec le service civil qu'on va régler ce problème de couverture sanitaire spécialisée. On a proposé des mesures incitatives depuis dix ans. C'est-à-dire avec le nombre qu'on a actuellement, on peut avoir une meilleure couverture sanitaire spécialisée pour tout le monde. Le ministère est en train d'appliquer un service civil anticonstitutionnel. Dans tous les pays du monde, ce n'est pas de cette manière qu'on règle un problème de couverture sanitaire», a souligné Dr Yousfi. Le ministère de la Santé avait promis, selon lui, d'installer une commission qui devait étudier ces mesures incitatives, mais cette promesse «n'a jamais été tenue». «Ces mesures incitatives régleront le problème de manière définitive», affirme-t-il. Revenant sur les différents mouvements de protestation et leurs conséquences sur la prise en charge des malades, Dr Yousfi a accusé le ministère de la Santé qui mène, selon lui, «la politique de la fuite en avant». «À chaque mouvement de grève, il y a un service minimum qui est assuré, et ce, d'une manière unilatérale. Le malade est le dernier des soucis du ministère de la Santé. La loi sanitaire stipule qu'à la veille d'une grève, il y a une réunion entre le ministère et le syndicat pour arrêter le service minimum. Depuis qu'on fait des grèves, le ministère de la Santé ne s'est jamais soucié de cela», a-t-il précisé. Le président du Snpssp a expliqué que ces mouvements de grève pénalisent le malade, mais c'est dans son intérêt. «Il vaut mieux que celui-ci subisse les conséquences de cette grève actuellement, que de ne pas avoir de couverture sanitaire ni de médecins spécialistes. Malheureusement, c'est la politique du ministère de la Santé, et le constat est là. Les spécialistes sont en train de partir par centaines et par milliers. Beaucoup de malades ne peuvent pas aller dans le secteur privé ni à l'étranger. Donc, c'est le malade algérien qui est le seul perdant. Les malades comprennent très bien, ils savent qu'il vaut mieux qu'il y ait nuisance aujourd'hui que de n'avoir aucun médecin spécialiste demain. Ceci est notre objectif depuis 20 ans. Nous voulons défendre le secteur public, nous avons choisi de rester dans le public», a souligné Dr. Yousfi. Selon le président du Snpssp, le ministère ne prend pas en charge les problèmes du secteur et pousse les médecins à partir. Grève illimitée à partir d'aujourd'hui Le Syndicat national des praticiens spécialistes de la santé publique (Snpssp) a annoncé, hier, au cours d'une conférence de presse, une grève illimitée à partir d'aujourd'hui dimanche. «Un sit-in est prévu demain à 11h devant le siège du ministère de la Santé», a annoncé le président du Snpssp. Ce mouvement de grève avait été annoncé pour le 15 avril, mais a été suspendu suite au deuil national décrété après le décès de Ben Bella.