Les médecins spécialistes sont déterminés à maintenir la pression. Démonstration de force pour leur premier jour de grève illimitée entamée hier : le Syndicat des médecins spécialistes a annoncé un taux de suivi de 70% à travers le territoire national. Une forte adhésion des spécialistes, encore plus marquée à l'intérieur du pays. «Les taux de suivi sont très élevés à l'intérieur du pays avec, notamment, 100% à Tiaret, 80% à Sétif», précise le docteur Yousfi, président du SNPSSP. Amendement du statut, révision du régime indemnitaire, application de mesures incitatives pour le service civil et correction de la discrimination salariale entre les spécialistes de santé publique et les spécialistes hospitalo-universitaires dans l'imposition et les indemnités, autant de revendications que le SNPSSP a formulées et ce, des mois durant, l'an dernier. Mais en vain, malgré l'accord signé par la tutelle en mai dernier. Après le dépôt du préavis de grève le 16 octobre dernier, une réunion de conciliation a été tenue quelques jours plus tard au ministère de la Santé. Les syndicalistes et les représentants de la tutelle ont buté et les négociations n'ont pas été concluantes. Des conditions déplorables d'exercice du métier Retour donc à la contestation pour ces centaines de médecins spécialistes qui exercent dans des conditions déplorables. «La crise s'accentue dans nos hôpitaux et avec la pénurie de médicaments, la déliquescence du système de santé atteint son apogée. Nous n'avons d'autre choix que la grève illimitée pour dénoncer les promesses non tenues du ministère», explique le Dr Yousfi. «Il y va de l'intérêt du malade», ajoute-t-il. Paralysie plus importante à l'intérieur du pays Cette grève intervient dans un contexte alarmant, avec l'effroyable défaillance dans la prise en charge des malades cancéreux et des pénuries répétitives de médicaments. Le moment propice pour faire pression sur la tutelle, à l'heure où «les médecins spécialistes ne cessent de fuir le secteur public au profit du privé ou encore de l'étranger», précisent plusieurs grévistes. Comment les patients réagissent-ils à cette grève ? Certains s'empressent de condamner alors que d'autres soutiennent indéfectiblement. «Le service minimum est assuré et les urgences fonctionnent, même si nous avons une forte adhésion des médecins spécialistes en ce premier jour de grève (hier, ndlr)», commente le Dr Hicher, spécialiste en médecine interne à l'hôpital de Kouba. Même son de cloche du côté de Bab El Oued où le Dr Mouaksi confirme «une excellente adhésion de la part des médecins spécialistes du centre hospitalier Maillot», une des structures les plus touchées par le mouvement de protestation du SNPSSP. Les grévistes assurent que «la grève se poursuivra tant que la tutelle n'apportera pas des garanties écrites pour la prise en charge de l'ensemble de leurs revendications, avec un échéancier précis».