Difficile de faire campagne quand aux yeux des électeurs, le discours électoral est en nette déphasage avec la dure réalité d'un quotidien amer. Des leaders de partis ont vu leurs meetings chahutés ou carrément interrompus par des citoyens désabusés. A Bouira, dans l'après-midi de lundi, Ouyahia, à qui on a expliqué que les émeutiers n'étaient «que des jeunes manipulés» a maintenu son meeting malgré le blocage de la route menant vers l'est du pays qui a duré une bonne partie de la matinée. A peine 10 minutes après le début de son intervention, une foule de jeunes a fait irruption dans la salle aux cris de «voleurs, tricheurs, où est notre part de pétrole, dégagez…». Le S.G du RND, visiblement surpris quitte précipitamment la salle et met cette manifestation sur le compte de l'opposition. Avant de rejoindre le cortège de la délégation du RND, il déclare furieux que «c'est l'opposition qui m'a saboté et privé de prendre la parole devant la population de Bouira». C'est la première fois qu'un responsable de ce niveau est empêché de parler. Cet incident survient moins de 48 heures après l'interruption du meeting de Louisa Hanoune à Tizi-Ouzou et l'échec du meeting du FFS organisé dans la même ville samedi dernier. Ce parti n'est visiblement pas au bout ses peines. Il vient de subir un autre affront puisque ce lundi, sa tête de liste, Arezki Derguini, a été empêchée de tenir un meeting dans propre village de Souk el Tenine (wilaya de Béjaïa). Il a été constaté que parmi les personnes qui se sont mobilisées pour interdire la rencontre, «beaucoup étaient des militants du FFS», nous dit-on au niveau de la fédération d'Alger du FFS. Enfin, et toujours dans la journée de ce lundi, deux voitures sorties pour une campagne de proximité dans la Daïra d'Azeffoun pour le compte du MPA d'Amara Benyounes ont été prises en chasse par un convoi de véhicules où des boycotteurs. Les deux voitures ont aussitôt quitté la région. Auparavant, Aboudjerra Soltani a passé une mauvaise journée à Ksar El Boukhari. Il a quitté en catastrophe cette ville sous escorte de la gendarmerie nationale. Il faut rappeler à cet effet que des meetings se déroulent dans des salles en majorité vide. Certains partis politiques ont été obligés d'avoir recours à des élèves des établissements scolaires pour remplir les salles. Ce dérapage été signifié par la commission de surveillance des élections à certains partis politiques. Pour faire face à la hantise des salles vides, d'autres partis politiques ont fait appel aux grands «spins doctors» pour convaincre les citoyens d'aller aux urnes. Ce qui semble pour l'heure une gageure. C'est ce qu'estime la tête de liste de l'ANR, M. Saïd Matari. «Comment convaincre des populations obligées de fermer des routes et de recourir à des émeutes pour se faire entendre ? La liste est longue et c'est cela qui sépare les candidats des électeurs ", a-t-il dit, lors d'un meeting à Alger.