Oran 24 avril 2004. Le verdict énoncé par le tribunal criminel tombe tel un couperet : deux condamnations à la peine capitale pour un crime absurde de par ses faits? Existe-t-il un crime absurde ? Oui, lorsqu?il est commis à des fins dérisoires et qu?au bout, on doit le payer de sa vie ! Ils sont quatre à être impliqués dans cette affaire, mais uniquement trois vont comparaître, en l?occurrence Dj. A., B. Y. et S. S. Le quatrième mis en cause, D. A., toujours en fuite, sera quand même condamné par contumace. Les faits de cette troublante affaire remontent au mois de septembre 2002. C?est une belle journée qui promet de belles rentrées d?argent, car c?est en cette période, particulièrement fructueuse, qu?en général les chauffeurs de taxi et les clandestins sont comblés. Il y a tellement de personnes qui rentrent de vacances et, bien entendu, cela les arrange. B. M., un chauffeur clandestin, à bord de sa Peugeot 505, roule sans se douter que dans quelques instants, son sourire sera figé par une mort cruelle? A peine quelques instants après avoir «embarqué» deux jeunes, Dj. A. et D. A., B. M. est agressé par ces derniers qui veulent lui subtiliser son véhicule. La victime résiste et devant son entêtement, les deux malfaiteurs s?en prennent à lui avec une violence inouïe, lui assenant des coups de couteau sur tout le corps. Après l?avoir «jeté» telle une vieille épave dans les buissons de la forêt de M?sila, les deux assassins font appel à leur ami B. Y., qui les aidera à emmener le véhicule volé jusqu?à un parking situé à Sidi El-Houari. C?est là qu?intervient le quatrième inculpé, en l?occurrence S. S., qui achète le véhicule pour la somme dérisoire de dix millions de centimes. Dans un long réquisitoire, le représentant du ministère public, outré, fait un récit où il est question de la facilité avec laquelle l?on met fin à des vies humaines et qu?il s?agit là d?un phénomène qui prend des proportions étonnantes, «voire effrayantes», dira-t-il. Et d?ajouter : «Je requiers la peine capitale à l?encontre de Dj. A. et D. A. Ils ne méritent aucune clémence. Et pour les deux autres accusés, je requiers une peine de trois ans de prison ferme ainsi que 10 000 DA d?amende.» Ce n?est pas l?avis de l?avocat de la défense qui «estime» que ses deux clients, Dj. A. et D. A., méritent largement des circonstances atténuantes. Les avocats des deux autres accusés vont plus loin en plaidant l?acquittement. «B. Y. et S. S. ne se trouvaient pas sur les lieux du crime. L?un va servir de chauffeur et l?autre a acheté le véhicule volé. Aucun élément ne prouve leur complicité», diront-ils. La cour se retire pour délibérer et au terme du procès, le verdict tombe : B. Y. et S. S. sont acquittés. Dj. A et son complice, D. A., sont condamnés à la peine capitale. Le second, à savoir D. A., l?est par contumace.