Oran Mercredi 2 juin 2004. Le tribunal criminel rend son verdict sur une affaire liée au décès dramatique d?un jeune poissonnier. L?accusé, M. Y., comme pressé d?en finir, lance : «Oui, j?ai perpétré un crime sur la personne de S. B. Oui, je l?ai tué, mais c?est lui qui s?en est pris à moi? Je n?ai donc fait que me défendre.» D?habitude, quel que soit le crime commis, les mis en cause donnent du fil à retordre aux membres de la cour. Ils nient tout en bloc, ou alors se cachent derrière des arguments peu convaincants. M. Y. n?est pas de ceux-là. Sûr de lui, il défie l?assistance d?un air de dire : «Qu?on en finisse avec cette absurde affaire. De toutes les manières j?en assume les conséquences.» Les faits remontent au 6 juillet 2003. Quelque part aux environs de Béthioua, il fait une chaleur suffocante et les esprits s?excitent facilement. Deux vendeurs de poisson se disputent? Une scène des plus banales, dans un quartier habitué à ce genre de manifestations depuis fort longtemps. S?il y a quelques passants qui s?arrêtent, d?autres continuent leur chemin comme si de rien n?était? On dit que c?est ainsi qu?arrivent la plupart des drames? On ne s?y attend jamais ! Aussi, des cris fusent de partout lorsque l?un des jeunes poissonniers s?écroule sur le trottoir tout en perdant son sang? Que s?est-il exactement passé ? Les deux poissonniers se disputent, si bien que l?un d?eux, S. B., sort une arme blanche et s?attaque à son adversaire. Hélas pour lui, ce geste lui sera fatal, car M. Y. n?a pas l?intention de se laisser faire. Il se débat, désarme S. B. et le poignarde sur plusieurs parties de son corps frêle? S. B. rend l?âme sur les lieux du drame, et le rapport du médecin légiste atteste que le décès est dû aux deux coups de couteau portés à l?estomac. Alors que le représentant du ministère public requiert une peine de 20 ans de réclusion criminelle, les avocats de la défense plaident les circonstances atténuantes : «Notre client était en position de légitime défense. C?est la victime qui s?en est prise à lui, ne l?oublions pas. En outre, l?arme appartient au défunt. Notre client a paniqué? Aurait-il fallu qu?il se laisse faire pendant que son adversaire tentait de le poignarder ?» Les membres de la cour prennent en considération la plaidoirie des avocats de la défense et se retirent afin de délibérer. Après un court instant, le verdict tombe : 7 ans de prison ferme pour M. Y. qui a bénéficié de larges circonstances atténuantes.