Chiffres - 85% des enfants pratiquant la mendicité avec un de leurs parents, le font pour aider leur famille, alors que 16 % le font pour subvenir à leurs propres besoins. Pour ceux qui ne sont pas accompagnés, les résultats d'une enquête initiée par le Réseau Nada en 2012 font état de 62 % des enfants qui s'adonnent à cette activité pour assurer leurs besoins. La majorité d'entre eux est issue de couches sociales défavorisées, assurent les participants au séminaire organisé jeudi par Nada. Cette rencontre qui a porté sur l'exploitation des enfants dans la mendicité, a mis à nu les facteurs de risque ayant fortement contribué à la propagation de ce phénomène et qui a poussé des centaines d'enfants à quitter les bancs de l'école pour devenir mendiants. Les premiers résultats de l'étude analytique réalisée par Nada, à laquelle ont pris part 13 wilayas, ont révélé que la pauvreté est à l'origine dans beaucoup de cas de cette activité. La misère a ainsi poussé de nombreux enfants et adolescents à fuir leurs domiciles pour se jeter dans les bras de la rue. Outre le fait qu'un grand nombre d'enfants exploités dans la mendicité sont issus de mère célibataire, Nada met en avant les difficultés de ces derniers à suivre leur scolarité. «Ces enfants sont souvent privés de leurs droits les plus élémentaires comme la scolarisation», peut-on lire dans les résultats de cette enquête. Seuls 37 % des enfants mendiants âgés entre 12 et 18 ans, sont scolarisés contre 49,61 % des enfants âgés entre 8 et 12 ans, selon ce travail précisant que 60 % des enfants mendiants sont âgés de moins de huit ans. Le milieu urbain constitue un milieu très privilégié pour les postulants à cette activité. C'est ce qui pousse de plus en plus de mendiants à se professionnaliser dans la mendicité une fois arrivés dans une grande ville, de l'avis des experts ayant collaboré dans cette étude. «Les milieux ruraux n'offrent pas de conditions favorables à l'exercice de la mendicité professionnelle car il y a moins d'opportunité de rencontre et moins de donateurs», écrivent-ils. Pour les facteurs socioculturels, ils affirment que 70 % des mendiants souffrent de problèmes sociaux et viennent en grande partie des bidonvilles ou «ce sont carrément des enfants de la rue». Les facteurs culturels tels que l'analphabétisme, la déscolarisation et le mariage précoce sont, entre autres, des causes qui viennent compliquer la situation de tous ces mineurs en quête d'accompagnement, d'éducation et de repères. Le divorce, les conflits conjugaux, les familles recomposées, enfants abandonnés…ont été également largement évoqués lors de ce débat comme étant des causes favorisant la mendicité. Enfin, les enfants mendiants sont de plus en plus exposés aux dangers moraux et physiques qui les conduisent parfois à de graves délits et à toutes formes de déviances. - Le Réseau Nada recommande, face à cette triste réalité, de renforcer les mesures de protection sociale pour les mineurs en danger moral et les enfants nés sous X. Il s'agit aussi de faciliter les mécanismes de leur réinsertion dans leur famille ou dans des familles d'accueil, ainsi que l'application stricte des textes 195, 196 du code pénal en vigueur. Nada appelle aussi à prendre des mesures de protection pour l'amélioration des conditions de vie des enfants issus de parents pauvres. Il est important, rappelle cette ONG, d'amender de nouveaux textes législatifs afin d'assurer une meilleure protection à cette frange si vulnérable de la société.