Expression - L'exposition de Noureddine Chegrane se poursuit jusqu'au 10 juin. Le plasticien, Noureddine Chegrane, disciple d'Issiakhem et adepte du mouvement des Aouchem, renouvelle son aventure avec le signe – un thème récurrent dans sa création picturale – et ce, à travers une série de peintures exposées à la galerie d'art Lina. Il s'emploie dans chacune de ses créations à présenter autrement le signe, à renouveler ce motif – tatouage traditionnel et lettres du Tifinagh, à savoir l'alphabet berbère – à l'origine ancestrale et ô combien symbolique. Présent sur la scène artistique depuis près de cinquante années, le plasticien s'illustre à travers un travail qui, par son contenu, reste graphique, c'est-à-dire il développe une peinture spécifiquement iconographique. Cette iconographie qui se développe au détour de traits et sur laquelle l'artiste fait reposer tout son imaginaire – un imaginaire toujours renouvelé, tout le temps démonstratif – se présente pareil à «une résonance des arts premiers», ceux que l'on retrouve notamment en Afrique. Son travail apparaît vraisemblablement «une quête du signe». Cette quête s'avère perpétuelle. «Je m'inspire du signe», tient-il à dire, et de poursuivre : «Je le développe à ma manière, comme l'effet du levain sur une pâte de farine, d'où le choix du titre de cette exposition. Le signe qui est omniprésent dans mes œuvres, je l'exploite et je le rends personnel à partir du mouvement que j'imprime à ma peinture.» L'imaginaire pictural de Noureddine Chegrane, qui se caractérise par des couleurs vives et éclatantes, avec une prédominance cependant de la couleur bleue, est réalisé avec différentes techniques et divers formats. Il se définit comme «une écriture plastique sémiologique empruntée au patrimoine duquel il se nourrit». En effet, et à en juger par la manière dont le contenu de ses créations est élaboré, l'on peut d'emblée soutenir que le plasticien puise sa force créatrice dans «l'humus de son terroir». Il s'en abreuve jusqu'à l'euphorie. Il y a exaltation du signe aussi bien dans sa beauté que dans sa splendeur. Le plasticien magnifie le signe débordant de solennité jusqu'à lui conférer une dimension universelle. Car pour lui, celui-ci ne peut être «cloisonné dans un quelconque espace» dans la mesure où il «appartient à tout le monde». Le signe qu'il conçoit comme une calligraphie est semblable à une offrande et se déploie dans une palette coloriste et proportionnelle. Cela donne à son travail de l'équilibre, voire de l'harmonie, si ce n'est de la poésie. En observant de plus près le travail de Noureddine Chegrane, l'on peut aussitôt remarquer que le signe est en mouvement. Il évolue au gré des émotions du moment du plasticien. Pour conclure, nous dirons que les œuvres du plasticien qui sont chargées de signes, se révèlent un travail presque improvisé. Nous dirons aussi que le travail par lequel le plasticien se distingue est une écriture relevant instantanément d'un langage qui, lui, se veut liturgique et transcendantale. Liturgique comme s'il s'agissait d'un rituel ancestral, et transcende, parce qu'il va au-delà du matériel ou du palpable. Rappelons que Noureddine Chegrane a appartenu au mouvement «Aouchem», créé durant les années soixante par un groupe d'artistes peintres de renom travaillant sur le signe, tels que Ali Silem et Denis Martinez. Il a participé à des expositions collectives et individuelles, en Algérie et ailleurs.