La langue sabéenne nous est parvenue par de nombreux documents épigraphiques dont les plus anciens remontent au VIIIe siècle avant J.-C. On considère cette langue comme l'une des plus anciennes, sinon la plus ancienne de la péninsule arabique. D'abord confinée dans les régions occupées originellement par la tribu de Saba, Ma'rib et S'irwâh, elle s'étendit progressivement dans toute l'Arabie du Sud, avant de se retrancher dans le sud du Yémen. La chute du royaume de Saba, vers 275 de l'ère chrétienne, n'entraîna pas la disparition de sa langue puisque celle-ci fut adoptée par le royaume rival des H'imyarites. Au début de l'ère chrétienne, elle s'étendit au sud de la péninsule et connut même, à partir de l'an 300 une certaine vitalité. La langue survit jusqu'au VIe siècle et ne cessa vraiment d'être écrite qu'avec la fin de l'occupation abyssine. Les inscriptions s'échelonnant sur quatorze siècles, la langue sabéenne a forcément évolué, dans sa phonétique, sa morphologie, sa syntaxe et surtout son lexique. Cette langue devait aussi connaître – comme toute langue d'ailleurs – la variation dialectale, et c'est un dialecte qui a dû servir à l'élaboration de la langue écrite, mais on ignore de quel dialecte il s'agit. Les H'imyarites n'adoptèrent que la langue écrite de Saba et ont continué, à l'oral, à utiliser leur langue d'origine. D'ailleurs, le sabéen de H'imyar se distingue par un lexique propre, emprunté justement à la langue autochtone.