Renaissance Ces deux dernières années, le ministère de la Culture et de la Communication a impulsé une dynamique certaine au secteur ? ô combien sensible ! ? du livre. Louables initiatives que ces créations de bibliothèques municipales, le déploiement de bibliobus, l?organisation de salons du livre, etc. Mais une politique en la matière ne peut être viable que si ? et seulement si ? tous les paramètres de la réussite sont pris en charge. A commencer par l?école, la famille et sans oublier l?aspect financier qui peut paraître, en fin de compte, décisif au moment du bilan. En touchant du doigt la dégradation de l?état de santé du couple «Algérien-livre», c?est toute la problématique de la culture en Algérie qui est posée. Se familiariser avec le livre ne relève pas d?une opération spontanée. Le volontarisme d?un décret, fût-il présidentiel, ne suffit pas. La lecture n?est pas un besoin naturel chez l?enfant comme l?est le jeu par exemple. Il faut toute une pédagogie spécifique pour l?amener à aimer le livre, à fréquenter les bibliothèques, les librairies. La saine habitude de lire se cultive dès le berceau, elle se bonifie et se renforce à l?école. Lorsqu?on parle de lecture (ou de culture), on retombe inéluctablement sur l?éducation du futur consommateur (de livre) et du futur producteur. Ils sont là sur les bancs de nos écoles les talents en herbe, des Yacine, Benhadouga, Djaout? en devenir. Ignorer le rôle prépondérant de l?école et de la famille risque d?hypothéquer les efforts fournis à ce jour. Les milliards dépensés en importation de livres, en inauguration de bibliothèques, en salons d?exposition ont besoin d?être relayés en profondeur. Dans le cas contraire, ils iront grossir le chapitre des pertes du budget de l?Etat. L?approche en la matière ne peut être que globale si l?on veut réussir. Le système éducatif est tenu d?adapter ses méthodes d?enseignement de la lecture, les rendre plus actives et attrayantes : tout faire pour motiver l?enfant, dès sa phase d?initiation au primaire. C?est d?ailleurs là que se joue l?essentiel du rapport qu?aura le futur adulte avec le livre. La famille, de son côté, n?est pas à négliger. Le milieu socioculturel balise, pour une bonne partie, le destin scolaire de l?enfant. C?est dès l?âge tendre (avant six ans) que les parents doivent habituer leur enfant au monde magique du livre : contes, légendes livres avec images, etc. Quant à l?aspect économique de la problématique, l?expérience à travers le monde a montré le danger d?un désengagement de l?Etat dans la politique du livre. Comme pour le médicament et les produits de première nécessité, le soutien au prix du livre et à l?épanouissement d?une industrie du livre ? auteurs, éditeurs, imprimeurs, libraires?? est incontournable. Allons-nous assister à une renaissance culturelle en Algérie via la lecture ?