Alger Deux malfaiteurs décident de se remplir les poches en s?en prenant aux biens d?une personne qu?ils connaissent parfaitement, puisqu?il s?agit de leur ami et voisin? Le procès de Yacine B. et Hamza K. s?est déroulé la semaine dernière. Un procès banal mais qui a ce petit quelque chose de particulier qui le démarque des faits relatant des vols insignifiants. Cette particularité réside dans l?absurdité même de l?acte. En effet, après avoir mis au point un plan minutieusement ficelé afin de dévaliser leur voisin, l?un des malfaiteurs va retrouver les services de police afin de se constituer prisonnier et de dénoncer son complice, alors qu?ils pouvaient s?évanouir dans la nature sans éveiller le moindre soupçon ! Les faits de cette affaire remontent au mois de mars 2002. Y. B. et H. K. ont vraiment besoin de se remplir les poches. Oui, mais avec facilité. Pour cela, ils fréquentent un voisin M. H. aisé... Pas vraiment, mais juste ce qu?il faut pour faire leur bonheur. Ils le fréquentent si bien que ce dernier, naïf, les informe de ses moindres déplacements. Voilà comment, en cette journée de mars 2002, certains de le savoir ailleurs, nos deux malfaiteurs entrent, par effraction, dans l?appartement de la victime et s?approprient tout ce qui, à leurs yeux, a de la valeur. Entre autres, dix-huit millions de centimes, des appareils électroménagers, des bijoux. Une fois leur forfait accompli, ils quittent les lieux, font appel à I.S., un voisin de quartier, auquel ils demandent de les raccompagner à Chevalley à bord de son véhicule. Si dans un premier temps, ce dernier refuse, il finit par obtempérer lorsque ses amis, prétextent une visite urgente à un proche gravement malade. Le jour du procès, I. S. comparaîtra, lui aussi, pour complicité. Mais voilà qu?intervient l?inouï dans cette affaire. Une fois à Chevalley, Y. B. et son complice se rendent à Bab El-Oued dans le but de vendre les objets volés. Il se passe que trois jours après le délit, l?un des malfaiteurs, Hamza K., se présente au service de police et avoue les faits dans les moindres détails, dénonçant par la même occasion son ami Yacine B.! Pourtant, personne ne les soupçonnait, surtout pas la victime qui entretenait plutôt de bonnes relations avec eux. «I. S., lorsque vous avez accompagné vos amis à Chevalley, saviez-vous qu?ils venaient de commettre un grave délit ? ? Non, Monsieur le président. Ils m?avaient assuré qu?ils devaient rendre visite à un malade. ? Et vous, accusés, reconnaissez-vous les faits retenus contre vous ? ? Oui, Monsieur le président, puisque c?est nous nous sommes dénoncés !». A cette réflexion, le représentant du ministère public réprime difficilement un sourire. Cependant il qualifie le vol de grave délit, et requiert dix ans de réclusion à l?encontre des deux mis en cause. Pour sa part, l?avocat de la défense du troisième mis en cause, accusé de complicité, I. S., réclame l?acquittement : «Mon client n?était au courant de rien. Il n'a fait que les transporter de Kouba à Chevalley. Il est innocent.» Le tribunal criminel près la cour d?Alger rend son verdict après de courtes délibérations : Yacine B. et Hamza K. sont condamnés à 3 ans de prison ferme pour vol qualifié, alors que I. S. bénéficie de la clémence de la cour. Oui, mais la question demeure posée : pourquoi Hamza K. est-il allé jusqu?à dénoncer un délit pourtant réussi ? Cas de conscience ? Mésentente dans le partage ? Ils auront tout le temps de méditer cela derrière les barreaux de la prison.