Addiction n Les Algériens consomment 700 millions de sachets (de 20 et 30 g) de «Chemma» (tabac à chiquer) par an. C'est du moins ce qui ressort des récentes statistiques fournies par la Société nationale des tabacs et allumettes (SNTA). La «Chemma» consommée autrefois exclusivement par de vieilles personnes se répand, de nos jours, de plus en plus parmi les jeunes. En dépit de ses méfaits sur la santé physique et morale du chiqueur (cancer de la gencive notamment), les accros à cette substance trouvent beaucoup de difficulté à se départir de leur dose de nicotine. «La consommation du tabac est nocive pour la santé» (loi n° 85-05), «La vente du tabac est interdite aux mineurs», lit-on, étrangement, sur le sachet de tabac à priser. Plus étrange encore, cette inscription portant les composants de la chique où on peut lire : «eau, tabac et autres substances.» Mais quelles sont ces «autres substances» ? Un fabriquant précise que ce tabac à chiquer est parfois mélangé, par certains artisans malveillants, à des substances chimiques qui comprennent de la chaux, du sable et même de la bouse de vache. Pour sonder le marché incontrôlé de la «Chemma», une tournée dans les quartiers populaires d'Alger a été effectuée récemment par l'APS. Ainsi, à Bab el Oued, certains vendeurs de cette «substance», installés ici et là, affirment qu'ils se fournissent à l'est du pays auprès de personnes qui la fabriquent chez eux. Ils procèdent en broyant des feuilles de tabac auxquelles ils incorporent des cendres des feuilles de vignes et d'autres substances. Le contenu de ce mélange est ensuite mis dans des sachets ou des boîtes destinés à la vente, affirmeront-ils. Selon des sources au fait de la question, outre les diverses catégories sociales traditionnellement montrées du doigt, d'autres, telles certaines stars du football algérien, sont également adeptes et consommateurs de «narjes» et autres marques de «Chemma» vendues sur le marché. Beaucoup parmi ces athlètes d'élite ont été, sur les terrains de la compétition, à différentes occasions, surpris par les caméras mettant une "rafaâ» (dose) sous la lèvre. Même constat chez certains parlementaires qui ne peuvent renoncer à ce mélange et qui se glissent subrepticement dans les couloirs de l'hémicycle pour une prise. Il n'est pas question de ternir l'image de marque dont ils jouissent. La «Chemma» est constituée de plusieurs éléments nocifs qui s'avèrent plus dangereux que ceux du tabac à fumer. Selon M. Toufik Abdaoui, chirurgien dentiste, la chique provoque le cancer de la gencive qui se manifeste, au début, par l'apparition de tâches blanches, des symptômes répandus chez les chiqueurs. Ceux-ci peuvent être sujets de tremblements, de maladies cardiovasculaires et digestives, précise-t-on encore de source médicale.