Histoire n Et c'est encore un Algérien, pas n'importe qui, qui composera la musique du film : Iguerbouchène. La Casbah a toujours attiré les étrangers. Comme si elle les envoûtait par son mystère, sa lumière et ses dédales. C'est le cœur secret d'Alger qu'ils ont toujours voulu atteindre. Des peintres français y ont posé leur chevalet pour immortaliser à jamais ses femmes, leur mode de vie et la langueur incroyable qui se dégage du plus mythique des quartiers de la capitale. Et ce n'est pas un hasard si des hommes de talent s'y sont croisés pour restituer à l'écran, sur leurs toiles ou sur leurs partitions son décor et son art de vivre. La plupart des chanteurs chaâbis, du moins les plus connus, l'ont célébrée et bu à sa source. Des réalisateurs y ont puisé leur inspiration. Le premier long métrage algérien, La Bataille d'Alger tourné par l'Italien Ponte Corvo a été projeté dans les salles du monde entier jusqu'à la salle privée du Pentagone. Trente ans auparavant en 1937 Jean Duvivier tournait avec Jean Gabin sur le site l'un de ses meilleurs films Pépé le Moko. C'est un certain Tahar, un cameraman de Skikda qui secondera Duvivier. Et c'est encore un Algérien, pas n'importe qui, qui composera la musique du film : Iguerbouchène. C'est d'ailleurs lui qui fera entrer la Kabylie et la Casbah dans le répertoire de la musique universelle. Mieux la Rhapsodie arabe et la Rhapsodie kabyle seront exécutées en 1929 à Vienne devant un public habitué aux valses et qui découvrait, ce jour-là, un génie de 22 ans. Et pourtant il a très peu connu Tagmount son village natal et a surtout vécu à Soustara. Comme Borodine a mis en musique l'âme russe par sa célèbre symphonie intitulée Cavalier des steppes, Iguerbouchène a mis en musique l'âme de son pays par des rhapsodies aujourd'hui presque inconnues et dont il ne reste malheureusement que quelques rares copies archivées en France... Encore une pierre de la Casbah qui s'effrite... Abdenour Fayçal