Les anesthésistes et réanimateurs, des éléments-clés dans le domaine de la médecine, sont-ils devenus une «denrée rare» ? Selon leur syndicat, qui tient un colloque à Constantine, 200 hôpitaux font face à un déficit flagrant dans ces deux spécialités. Souvent ce sont des paramédicaux qui sont appelés à intervenir à ce stade de l'intervention chirurgicale. Encore un grave diagnostic du secteur de la santé dans notre pays. Lors du premier colloque national des techniciens anesthésistes et réanimateurs, tenu hier au niveau de l'hôtel Cirta de Constantine, le secrétaire général du syndicat des anesthésistes et des réanimateurs de la santé, Abdelhak Touil, a soulevé un problème qui touche de plein fouet le secteur de la santé. Il a signalé que «sur les 245 établissements de santé publique que compte le pays, 200 fonctionnent sans anesthésistes ni réanimateurs, notamment au Sud». L'intervenant a en outre déclaré que «37 wilayas ne disposent pas de médecins réanimateurs et sur 240 hôpitaux, seuls 40 disposent d'un médecin réanimateur». «Cette situation oblige les techniciens de la santé et les paramédicaux à jouer le rôle de médecins et à se substituer aux réanimateurs, d'où les multiples accidents et surtout la responsabilité devant la loi», a souligné le secrétaire général dans une déclaration parvenue à notre rédaction. Il affirme également que «son syndicat, nouvellement créé, se prépare à se lancer dans un mouvement pour exiger des amendements du statut qui régit la fonction et notamment en ce qui concerne la définition des missions et des responsabilités. Notons que cette rencontre nationale a été une nouvelle fois l'occasion pour ces professionnels de la santé d'exprimer leur malaise et dénoncer les conditions de travail déplorables et une situation de laisser-aller qui perdure depuis des années puisqu'ils disent exercer «dans l'illégalité et dans des conditions lamentables. Nous réalisons quotidiennement de nombreux actes médicaux et chirurgicaux sans la moindre couverture médicale ni juridique», annoncent-ils. En plus, «face au manque de médecins réanimateurs, voire leur absence totale dans certains hôpitaux, on oblige l'anesthésiste à accomplir le travail de ces derniers. Ce qui est tout à fait illégal», dénoncent les concernés, précisant que dans la majorité des cas, «l'anesthésiste assure à lui seul les urgences». Les anesthésistes décrivent une situation chaotique. Les auxiliaires médicaux en anesthésie et réanimation ne comptent pas baisser les bras et menacent de recourir à d'autres moyens de protestation pour faire aboutir leurs droits. Ils réclament un statut particulier, des conditions de travail adéquates, une protection juridique et l'amélioration de la formation. Rabah Khazini