Dans le monde aseptisé des anesthésistes-réanimateurs, la colère est grande après la publication au Journal officiel des dernières dispositions concernant leur profession. 'Dans ce décret exécutif, il n'y a rien de nouveau concernant nos revendications'', affirme A.H., qui exerce dans un hôpital de l'ouest du pays comme anesthésiste-réanimateur. Ce décret 'ne contient aucune disposition nous concernant, il est vide comme le précédent, et nous n'avons pas encore un statut particulier'', ajoute-t-il. Dans son dernier numéro, le N.38, correspondant au 6 juillet 2011, le JO publie un nouveau décret signé du Premier ministre sur les nouveaux statuts, la fonction et les missions de la fonction des auxiliaires médicaux en anesthésie réanimation de santé publique, ainsi que les moyens d'accéder à cette profession. Mais, ce décret, qui accorde une large place à la formation pour l'accès à la fonction, ferme la porte en fait aux quelque 6.000 anesthésistes-réanimateurs actuels, qui ont seulement le grade de paramédicaux, indique notre interlocuteur. Autrement dit, cette catégorie des personnels de la santé publique n'est pas directement touchée par le nouveau décret. Dans son article 5, ce décret stipule notamment que 'les auxiliaires médicaux en anesthésie réanimation de santé publique disposent de toutes les conditions nécessaires à l'accomplissement de leurs tâches ainsi que des conditions d'hygiène et de sécurité inhérentes à la nature de leurs activités''. 'Les auxiliaires médicaux en anesthésie réanimation de santé publique bénéficient d'une protection spéciale à l'occasion et durant l'exercice de leurs fonctions'' (Art.6). Pour autant, les dispositions de cet arrêté ne portent que sur la fonction et les statuts des auxiliaires médicaux en anesthésie réanimation de santé publique. Exit les paramédicaux exerçant cette fonction. En grève ouverte depuis 50 jours, les anesthésistes-réanimateurs attendent en fait toujours un statut particulier, qui ne vient pas. Nos revendications portent sur cinq points, dont 'la formation, la protection dans le cadre de notre travail et notre classement à l'échelle 13 de la fonction publique'', assure encore cet anesthésiste-réanimateur. En fait, cette catégorie de personnels des hôpitaux notamment revendique un cursus d'enseignement supérieur de 5 ans et l'ouverture d'un institut pour bénéficier d'une formation qualifiée, ainsi qu'une couverture juridique. Globalement, la profession demande au ministère de tutelle de clarifier ses missions, du moment que même si l'acte de faire une anesthésie est 'illégal'' au regard de la loi, c'est ce que font paradoxalement les anesthésistes-réanimateurs, pourtant classés comme personnel paramédical. Un imbroglio de plus dans un secteur pas du tout au bout de ses peines. 'Hélas, le nouveau décret nous oublie, et nous n'avons pas encore un statut particulier'', affirme encore ce 'paramédical''. En Algérie, 'sur 240 hôpitaux, il n'y a que 40 hôpitaux dotés de médecins anesthésistes-réanimateurs. Le reste des hôpitaux du pays fonctionnent avec des paramédicaux spécialisés en anesthésie réanimation, et exercent cette fonction pour certains d'entre eux depuis plus de 20 ans'', assure encore la même source qui a précisé qu'au niveau des hôpitaux et grandes structures sanitaires, 'ce sont les paramédicaux spécialisés en anesthésie réanimation qui préparent les interventions chirurgicales du début à la fin, c'est-à-dire la réanimation du malade, quel que soit leur degré d'importance''. Mais, paradoxalement, 'selon les statuts actuels, il n'y a pas de différence entre un paramédical exerçant dans un grand hôpital comme anesthésiste-réanimateur et un simple infirmier dans un dispensaire'', relève-t-on encore de même source.