«Les auxiliaires médicaux en anesthésie et réanimation, fonction hors la loi», pouvait-on lire sur les banderoles des manifestants. Cette phrase traduit «un profond malaise, des conditions de travail déplorables et une situation de laisser-aller qui perdure depuis des années», ont expliqué les anesthésistes. Ils ont observé hier une journée de protestation au CHU de Beni Messous, à l'instar d'autres hôpitaux d'Alger et du pays. «Les auxiliaires médicaux en anesthésie et réanimation exercent dans l'illégalité et dans des conditions lamentables», a affirmé Mounir Amour, membre de la commission des statuts. «Nous réalisons quotidiennement un tas d'actes médicaux et chirurgicaux sans la moindre couverture médicale ni juridique. Nous accomplissons le travail des réanimateurs mais nous ne sommes même pas couverts par la loi, nous n'avons aucune protection juridique», a-t-il martelé. «Face au manque de médecins réanimateurs, voire leur absence totale dans certains hôpitaux, on oblige l'anesthésiste à accomplir le travail de ces derniers. Ce qui est tout à fait illégal», dénoncent les protestataires, précisant que, dans la majorité des cas, «l'anesthésiste assure à lui seul les urgences». Les anesthésistes décrivent une situation chaotique. Selon eux, «37 wilayas ne disposent pas de médecins réanimateurs». Ainsi, sur 240 hôpitaux, seuls 40 ont un médecin réanimateur, affirme-t-on. D'après nos interlocuteurs, «l'anesthésiste fait le travail du médecin réanimateur alors qu'il n'a pas été formé pour cela». Les auxiliaires médicaux en anesthésie et réanimation ne comptent pas baisser les bras et menacent de recourir à d'autres moyens de protestation pour faire aboutir leurs droits. Ils réclament un statut particulier, des conditions de travail adéquates, une protection juridique et l'amélioration de la formation, interpellant la tutelle pour une prise en charge rapide de leurs revendications. Ils veulent être considérés comme un corps spécifique et refusent que le Syndicat autonome des paramédicaux (SAP) négocie à leur nom. Pour rappel, le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, Djamel Ould Abbès, avait reconnu dernièrement les doléances des anesthésistes, estimant qu'elles sont «légitimes». Il avait annoncé la création d'un institut supérieur de formation en anesthésie et réanimation. A. B.