Résumé de la 2e partie n Marc croyant avoir affaire à du gibier, tue Thoutmès, le chien de Charnay... Le visage révulsé, il dépose l'animal dans l'herbe, puis se relève, très droit, et retire son chapeau de chasse. Marc fait comme lui. Puis, sans changer d'attitude, Charnay se met à retirer une à une les cartouches qu'il porte à sa ceinture. II les jette au loin, sans regarder. — Tu vois, je n'en garde que cinq, explique-t-il. Ça te laisse toutes les chances Un frisson parcourt le jeune homme. — Comment ça ? — Je compte jusqu'à dix. File ! — Mais... — Un. Deux... — Attendez — Trois ! Cette fois Marc a peur, vraiment peur. Il tourne sur lui-même. — Quatre ! «La route ! pense Marc. C'est ma seule chance !» Il détale aussitôt dans cette direction, se retournant à chaque seconde pour voir si Charnay le suit. Soudain il aperçoit le fou furieux qui bondit sur ses pieds et accourt dans sa direction à grandes enjambées. Marc courbe la tête et détale autant que le permettent les racines. Il se prend le pied dans l'une d'elles, fait un vol plané dans les feuilles mortes, se relève à bout de souffle et repart aussi vite qu'il peut. Un coup de feu, très fort, dans son dos. Marc entend les plombs s'écraser sur un arbre tout près de lui. Son cœur s'emballe. Plus que quatre cartouches. Marc fonce droit devant lui, sans se soucier des petites branches qui le cinglent de partout. Nouveau coup de feu et, en même temps, nouvelle chute ; juste au bon moment pour éviter la décharge – mais de justesse, puisque des plombs ont touché sa main : ils se sont logés dans la paume et dans deux doigts. Marc se relève très vite. Plus que trois cartouches ! Vite ! Vite ! Il court, court tant qu'il peut. Il a maintenant le visage en sang, il s'est déchiré le front. Ses poumons lui font mal – bientôt le point de côté... Marc ne sait plus où il en est, ce sont ses jambes qui courent pour lui. Petit regard en arrière... Il n'y a plus personne ! Marc s'agrippe à un arbre, haletant, et s'accorde une seconde de répit. La route ne doit plus être très loin, et du même coup sa voiture, sa petite Dauphine qui va peut-être lui sauver la vie. Tout n'est pas perdu. Sans ralentir la course il sort de sa poche la clé de contact. La voiture n'est plus qu'à cent mètres. Marc a presque oublié Charnay. Charnay, lui, ne l'a pas oublié. Il s'était caché derrière la Dauphine et attendait son heure. Il met en joue... Un coup de feu, et pour Marc, c'est une douleur terrible dans l'épaule et une partie du cou. Sonné, il a quand même le réflexe de sauter dans le fossé. Sa chute est amortie par la boue et les feuilles. Rampant sur le talus, il se relève à moitié pour se jeter dans des fougères. La douleur le mord profondément.Il y a encore deux cartouches. C'est plus qu'il n'en faut pour l'achever. «Non ! se dit Marc, ce n'est pas possible ! » A suivre Pierre Bellemare