Résumé de la 3e partie n Bohannon appelle Steve Belcher, – un ancien du Viêt-nam qui vit dans un camping-car, pas loin du lieu de la découverte macabre –, pour qu'il vienne voir le cadavre... Belcher penche la tête de côté. — Ça veut dire quoi, ça, «quelque chose» ? — Un corps. Belcher le regarde fixement. — Un cadavre ? — Abattu d'une balle dans la poitrine. En pleine nuit. T'as rien entendu ? — Seigneur. (Belcher se gratte la barbe.) Seigneur. -- Tu vas me répondre ? Tu veux bien me passer ton flingue, pour que je le sente ? Belcher sursaute, surpris. Il avait oublié le Browning. — Il est pas à moi. (Il le pose à l'intérieur du camping-car.) Il a pas tiré. Il a la voix rauque et il blêmit, bien que la peau de son visage soit comme du vieux cuir tanné.) Et j'ai pas entendu de coup de feu. — Il n'est pas à toi ? C'est pourtant le genre de truc qu'on vous donne à l'armée, Steve. — Quelqu'un l'a balancé sur le camping-car. En pleine nuit. C'est là que je l'ai trouvé, à côté de la roue avant. (Il enfile son jean déchiré.) Bon Dieu. Pourquoi ici ? — C'est pas ton jour de chance, dit Bohannon. Viens. Viens le voir. — Pour quoi faire ? dit Belcher. — Pour que je voie la tête que tu feras en disant que tu le connais pas. Je t'ai toujours fait confiance. Je veux savoir si je peux continuer. Belcher pousse un nouveau grognement et descend mollement les petites marches métalliques du camping-car. Il a les pieds sales. — Je veux plus voir de macchabées. J'en ai eu mon compte. Je vous l'ai déjà dit. Merde, Bohannon, j'en ai assez tué comme ça, des mecs. Trop. J'en rêve, et ça me rend fou, à force. Je tuerai plus jamais. — Tu as tout de même gardé ton pistolet. — Je l'aurais gardé s'il avait pu tuer les fantômes. Celui-là, il est pas à moi, Bohannon. Je vous l'ai dit. Je déteste ces saloperies-là. — Viens. (Bohannon tourne les talons et commence à redescendre la pente.) Tu te doutes bien que le lieutenant Gerard va te mettre ça sur le dos. Tu es un suspect tout désigné. (Il se hâte, la rosée matinale rend le sol glissant, il se rattrape de justesse pour ne pas tomber.) Lui et moi, on faisait équipe, dans le temps, et si je lui dis que ce n'est pas toi, ça pourra peut-être t'aider. Il jette un coup d'œil derrière lui. La portière du camping-car claque. Le démarreur gémit. Bohannon se retourne, perd l'équilibre, tombe à quatre pattes. — Attends ! Steve, ne fais pas ça ! Le moteur rugit. Belcher passe la tête à la portière. — Laissez tomber, Bohannon. Vous savez bien ce qu'il va faire, Gerard. Je suis un fou meurtrier. Ça fait des années qu'il attend de le prouver. (Il desserre le frein à main, le camping-car recule de quelques dizaines de centimètres, puis bondit en avant.) Salut ! Les vieux pneus gris projettent de la terre, Belcher s'éloigne à toute vitesse, le camping-car apparaissant et disparaissant entre les arbres.