Emotion n C'est avec beaucoup de nostalgie que Mohamed Soukhane, Hamid Zouba et Mohamed Maouche se remémorent l'épopée de l'équipe de football du FLN. Ils qualifient cette expérience qui a radicalement transformé leur vie, de «magique». De 1958 à 1962, date de leur dernier match joué, ils étaient plus que des footballeurs de renom. Grâce à cette équipe «nous étions des hommes et si c'était à refaire, ce serait sans hésitation», ont-ils soutenu. Du haut de ses 80 ans, Mohamed Soukhane, l'ancien milieu défensif du club du Havre se souvient encore de cette épopée qu'il a vécue, quatre ans durant, de 1958 à 1962, avec ses coéquipiers de la glorieuse équipe du FLN. L'homme pourtant n'est pas très bavard. C'est par bribes qu'il se livre. A quelques exceptions près, il faut croire que les footballeurs sont rarement loquaces. Président aujourd'hui de la Fondation qui porte le nom de «l'équipe de football du FLN», il préfère laisser la parole à Hamid Zouba, qui en est le vice-président. Les deux hommes sont amis et des liens indéfectibles les lient depuis qu'ils ont joué ensemble dans l'équipe du FLN. En aurait-il été ainsi si la Fédération de France du FLN n'avait pas décidé de créer une équipe de football pour donner un autre souffle à la lutte menée depuis 1954 en utilisant une arme qui s'avéra être d'une grande efficacité ? Non, affirment-ils. Cette aventure est la cause de leur amitié. L'idée avait germé dans les esprits une année avant et Boumezrag aurait été chargé d'en parler pour sa mise en œuvre. Quoi qu'il en soit, c'est par petits groupes que les joueurs ont quitté la France pour rallier la Tunisie où était regroupée l'équipe. «Nous étions hébergés à Tunis dans le quartier d'El-Menzah», se souviennent les deux hommes. Si les années ont estompé certains souvenirs, «avec l'âge on commence à oublier», dira Mohamed Soukhane, il reste que d'autres sont indélébiles. A une question de savoir si la décision d'abandonner la carrière professionnelle qui s'ouvrait à eux, a été facile à prendre, les deux amis semblent étonnés qu'elle puisse leur être posée. «C'est sans la moindre hésitation que je suis parti», dira Soukhane qui ajoutera : «C'était notre devoir.» De son côté Mohamed Maouche dira que, lui aussi, c'est «sans trop réfléchir» qu'il a pris sa décision. «Du moment que des responsables de mon pays sont venus me voir, il n'y avait plus rien à dire.» En effet, Maouche et ses compatriotes n'ont appris leur départ que la veille «du fait du secret entretenu». Tout comme Soukhane, Hamid Zouba ne regrettera pas sa décision. «Ce que nous avons gagné avec l'équipe du FLN, nous n'aurions pas pu l'avoir avec tout l'argent du monde, même si nous avions à l'époque rejoint l'Hexagone pour subvenir aux besoins de nos familles.» Et à Maouche de préciser : «C'était une aventure, nous avons rejoint la Révolution, nous n'avions pas le temps de penser à autre chose.» R. K.