Scrutin n Les bureaux de vote ont ouvert ce matin pour l'élection de la première Assemblée nationale de l'ère post-Kadhafi. Huit mois après la fin du conflit armé, quelque 2,7 millions d'électeurs sont appelés à choisir les 200 membres du «Congrès national général», où les islamistes espèrent remporter le même succès que leurs voisins tunisiens et égyptiens. Les bureaux de vote resteront ouverts jusqu'à 20h 00 (18h 00 GMT), et les résultats préliminaires devraient être annoncés «à partir de lundi ou mardi», selon la Commission électorale. Avec 3 702 candidats et plus de 100 partis en lice, les pronostics sont difficiles, mais trois formations sortent du lot : les islamistes du Parti de la justice et de la construction (PJC), issu des Frères musulmans, ceux d'Al-Watan, dirigés par l'ex-chef militaire controversé de Tripoli Abdelhakim Belhaj, et les libéraux réunis dans une coalition lancée par l'ex-Premier ministre du Conseil national de transition (CNT, au pouvoir) Mahmoud Jibril. Conseil, dont la mission devrait prendre fin dès la publication des résultats.Cette semaine a été marquée par des tensions dans l'Est, qui ont culminé hier avec la mort d'un fonctionnaire de la Commission électorale dans un tir à l'arme légère sur un hélicoptère qui transportait du matériel électoral dans la région de Haouari, au sud de Benghazi. Plusieurs bureaux de vote n'ont d'ailleurs pas ouvert ce matin dans la cette région, notamment ceux se trouvant à Ajdabiya, à 160 km et dans des villes oasis, comme Jalo et Ojla. Rappelons que ces troubles sont menés par des partisans de l'autonomie de l'Est, qui dénoncent, entre autres, la répartition des sièges au sein de la future assemblée (100 sièges pour l'Ouest, 60 pour l'Est et 40 pour le Sud). Ils avaient sommé jeudi plusieurs importants terminaux pétroliers de la région de cesser leurs opérations jusqu'à la fin du scrutin. «Nous allons continuer nos manifestations jusqu'à ce samedi soir. Si les autorités ne revoient pas la répartition des sièges, nous allons envisager d'autres mesures», a prévenu l'un des leaders des protestataires. Malgré toute cette tension, à Tripoli comme à Benghazi, les bureaux de vote voyaient passer un flot nourri d'électeurs ravis de participer au premier scrutin national en près d'un demi-siècle. «Ma joie est indescriptible. C'est un jour historique», a déclaré une femme de 40 ans, en patientant devant le bureau de vote de l'école Ali-Abdullah-Warith, au cœur de la capitale. «Je me sens un citoyen libre. ça résume tout», s'est réjoui un autre citoyen de 80 ans, venu en chaise roulante et incapable de se rappeler la dernière fois où il a été invité à se prononcer sur la vie de son pays. Un policier de Benghazi, a expliqué avoir voté pour «la paix et la sécurité», dans l'espoir que «tous les Libyens vont réaliser leurs rêves dans ce nouveau pays». R. I. / Agences