Aujourd'hui des élections législatives auront lieu en Libye, les premières organisées démocratiquement après plus de 40 ans de pouvoir personnel. Des craintes sur les capacités du gouvernement de transition à assurer la sécurité du scrutin ont cependant marqué l'actualité ces derniers jours. Et la situation pourrait être particulièrement tendue dans l'Est, où des partisans du fédéralisme réclament plus de sièges parmi les 200 élus de la future Assemblée constituante. Les réfractaires ont appelé au boycott du scrutin et menacé de saboter le processus électoral déjà mal engagé. Le 1er juillet, des hommes armés avaient même saccagé les bureaux de la Commission électorale à Benghazi, à l'Est, mettant le feu à des documents et détruisant du matériel informatique. Un incendie «criminel» avait encore ravagé un dépôt contenant du matériel électoral à Ajdabiya (Est). Ces événements avaient jeté le doute sur la capacité à organiser le vote. Le gouvernement libyen négocie aussi le départ d'un groupe de partisans du fédéralisme qui perturbe le trafic sur une route stratégique reliant l'Est à l'Ouest. Ces protestataires réclament une «répartition équitable» des sièges de l'Assemblée constituante entre l'Ouest, le Sud et l'Est. Les autorités libyenne ont en effet attribué, «sur la base de données démographiques», 100 sièges à l'Ouest, 60 à l'Est et 40 au Sud. Une partition qui pourrait mettre le feu aux poudres dans une Libye fragilisée par l'émergence des nationalismes tribaux, après la chute de Kadhafi. Trois mouvements sortent du lot dans ces élections : les islamistes du Parti de la justice et de la construction (PJC), issu des Frères musulmans, ceux d'Al-Watan, dirigés par l'ex-chef militaire controversé de Tripoli Abdelhakim Belhaj, et les libéraux réunis dans une coalition guidée par l'ex-Premier ministre du Conseil national de transition, Mahmoud Jibril. Le ministère de l'Intérieur a récemment annoncé avoir reçu des rapports des services de sécurité faisant état de plans de partisans du régime déchu visant à perturber le déroulement des élections. Outre ces oppositions, les affrontements meurtriers qui éclatent régulièrement ça et là entre groupes et milices armés, souvent formés d'anciens combattants rebelles, en particulier dans le sud et l'ouest du pays, représentent particulièrement une source d'inquiétude. Selon Amnesty International personne ne contrôle réellement ces groupes armés, souvent en conflit les uns avec les autres et qui risquent de faire dérailler un processus de transition déjà fragile. Côté officiel, on se veut rassurant. «Il y a des problèmes ici et là, mais nous ne pensons pas qu'ils auront une incidence sur les élections», a assuré Salem Guenen, vice-président du Conseil national de transition. Le porte-parole du gouvernement intérimaire, Nasser al-Manaa, a, lui, appelé «tous les Libyens, hommes et femmes, à participer, à protéger et être fiers de ces élections qui constituent une étape vers la stabilité et le développement». Les autorités libyennes ont affirmé avoir mis en place un plan de sécurité mobilisant 40 000 membres des services de sécurité, appuyés par 13 000 hommes de l'armée libyenne, en état de construction. M. B. /Agences