La promptitude des grandes puissances occidentales à saluer la victoire des Frères musulmans en Egypte met à nu tous les intérêts du grand capital financier. Les économies libérales ne sont pas en danger dans les configurations «islamistes soft», comme se plaisent à les qualifier les gourous de la mondialisation. L'engeance religieuse étant connue pour son sens profond du négoce et son allergie maladive à toute production nationale censée donner au pays une assise économique solide et libérée des grands trusts. Le concept même de nation est, chez ces chapelles, perçu plus sous son approche cultuelle que nationale et la ouma sert de socle identitaire à des peuples différents et des systèmes parfois antagoniques. Cela énoncé, rien ne dit que le nouveau président égyptien va respecter cette feuille de route transfrontalière, a fortiori quand on sait qu'une partie importante des pouvoirs reste entre les mains de l'armée. Et rien ne présage d'une paix civile retrouvée quand on sait le fort taux d'abstention qui a prévalu lors de ces élections. Comme quoi le nouveau chef de l'Etat n'a pas les coudées franches et il devra composer avec une société civile où les courants modernistes et salafistes sont très présents avec, en arrière-fond, le spectre israélien et la probable remise en question des accords de Camp David. Plus à l'ouest, les pays voisins subissent les retombées d'un printemps détourné au profit exclusif des mouvances islamistes et il n'est pas clairement dit que la situation prête à la sérénité. Reste l'Algérie qui est en avance d'une tragédie, ayant derrière elle les soubresauts d'une gouvernance islamiste avortée et les derniers résultats des législatives illustrent très bien la nouvelle configuration politique encline à consacrer le nationalisme plutôt que les chapelles religieuses. Celles-ci se sont empressées de féliciter leurs frères idéologiques égyptiens, à l'instar de ces leaders du parti dissous qui exhortent les Algériens au «changement pacifique». C'est une insulte à l'histoire. L'Algérie n'est pas l'Egypte. De plus, question cadavres, elle a déjà donné. Et à cause justement des ces gourous qui appellent au changement. 200 000 morts, ce n'est pas assez ? Enfin, de quoi je me mêle ? Khelli l'bir beghtah. Rabah Khazini