L'incursion dans le débat de Lakhdar Bouregaâ, figure emblématique de la Guerre de libération, en ces moments de préparation du cinquantenaire de l'Indépendance, ne doit pas passer inaperçue. D'abord, par la stature du personnage, commandant de l'ALN connu pour l'intransigeance de ses positions et la justesse de ses analyses. Ensuite, pour la distance qu'il a toujours su garder vis-à-vis de toutes les chapelles et institutions, ce qui lui confère une objectivité que personne ne peut lui contester. Sur les partis politiques se proclamant du nationalisme, son jugement est sans appel : ceux-ci se sont énormément dévoyés en privilégiant le règne de l'argent, sur les valeurs intrinsèques du militantisme sincère et guidé par l'intérêt suprême du pays. Il poussera la lucidité jusqu'à traiter de «feuille de route» élaborée par les Américains et des pays du Golfe arabique, le fameux printemps arabe et, compte-tenu de la situation chaotique que subissent les pays de la région, on ne peut, à défaut d'adhérer à cette vision, que se poser sérieusement des questions, notamment quand on sait que les grands bénéficiaires de ce printemps, ne sont pas les foules qui ont battu le pavé, mais des mouvances islamistes qui arrangent très bien les puissances occidentales soucieuses exclusivement, des richesses naturelles dont regorgent ces contrées. Mais l'intervention remarquable de cet acteur incontournable de la lutte armée, remet surtout à l'ordre du jour l'écriture de l'histoire, vaste chantier dont les nouvelles générations ignorent des pans entiers. Sans doute l'Histoire une approche basée sur les hauts faits d'armes et l'héroïsme individuel, plutôt que sur des faits objectifs dont les incidences demeurent, à ce jour, propice à l'opacité. Ce n'est que ces dernières années que les événements majeurs ont été dévoilés sur des figures dirigeantes du mouvement de libération nationale, à l'instar d'Amirouche, d'Abane et d'autres dont les fantômes continuent de déranger. Et ce ne sont pas les luttes intestines des partis qui vont contribuer à faire la lumière. Enfin, de quoi je me mêle ? Khelli l'bir beghtah. Rabah Khazini