Résumé de la 12e partie n Charles accepte la proposition de son père : espionner Sophia. C'est ainsi qu'il arrive devant une villa aux proportions exagérées... J'aurais aimé savoir si, la première fois qu'elle l'avait aperçu, l'ensemble l'avait amusée ou épouvantée. — Plutôt époustouflant, hein ? me dit l'inspecteur. Il paraît que l'intérieur est agencé comme le plus ultramoderne des palaces, mais, du dehors, c'est une drôle de bicoque ! Vous ne trouvez pas ? Je n'eus pas le temps de répondre : Sophia, en chemisette verte et jupe de tweed, apparaissait sous le porche de l'entrée principale. M'apercevant, elle s'immobilisa net. — Vous ? s'écria-t-elle. — Eh ! oui, dis-je. Il faut que je vous parle. Est-ce possible ? Elle hésita une seconde, puis, prenant son parti, me fit signe de la suivre. Nous traversâmes une pelouse et un petit bois de sapins. Elle m'invita à m'asseoir à côté d'elle, sur un banc rustique, assez dépourvu de confort, mais heureusement situé. Le regard s'en allait très loin dans la campagne. — Alors ? me dit-elle. Le ton n'avait rien d'encourageant. Je m'expliquai. Longuement et complètement. Elle m'écouta avec attention. Quand j'eus terminé, elle poussa un long soupir. — Votre père est un monsieur très fort, dit-elle ensuite sans ironie. — Il a son idée. Personnellement, elle ne m'emballe pas, mais... — A mon avis, elle est loin d'être mauvaise et c'est le seul moyen d'arriver à quelque chose. Votre père, Charles, comprend beaucoup mieux que vous mon état d'esprit ! Elle se tordait les mains. — Il faut absolument que je sache la vérité ! — À cause de nous ? dis-je. Mais, ma chérie, peu importe ! De nouveau, elle m'interrompit : — Il ne s'agit pas seulement de nous, Charles ! Je ne serai tranquille que quand je saurai ce qui s'est passé, exactement. Je n'ai pas osé vous le dire hier soir, mais, la vérité, c'est que j'ai peur ! — Peur ? — Oui, peur. Terriblement peur. Pour la police, pour votre père, pour vous, l'assassin, c'est Brenda ! — Les probabilités... — Je ne prétends pas le contraire. Seulement, quand je dis : «C'est Brenda qui l'a tué !», je me rends compte que je ne dis pas ce que je pense, mais ce que je souhaite. — Vous croyez donc... — Je ne crois rien du tout ! J'ai simplement l'impression que Brenda n'est pas femme à risquer un coup pareil. Elle est bien trop prudente ! — Soit ! Mais ce Laurence Brown avec qui elle est en si bons termes ? — Laurence ? Il est peureux comme un lièvre ! Le cran lui aurait manqué. — Sait-on ? — Evidemment, on ne peut rien affirmer ! On se fait une idée des gens et, par la suite, on découvre qu'ils ne sont pas du tout comme on les imaginait. A suivre Agatha Christie