Nostalgie - Les habitants de la wilaya de Tissemsilt restent attachés à la traditionnelle guerba (outre en peau de chèvre) pour étancher leur soif, en ces temps de grande chaleur, en dépit de la disponibilité, dans tous les foyers, d'équipements de froid et de réfrigération. Qu'ils résident dans les zones rurales ou dans les grandes agglomérations de la wilaya, les habitants de Tissemsilt ne peuvent se passer de la guerba, qui a toujours fait partie des «équipements» domestiques indispensables dans tous les foyers. La guerba est partout présente. Elle est accrochée à une poutre, à proximité de l'entrée principale de la maison, dans la cuisine ou dans la cour ou le patio. Elle est toujours à portée de la main, prête à assouvir toutes les soifs, notamment en cette période de grande canicule. La vieille hadja Meriem, habitant le centre rural de Ouled Youcef, dans la commune de Tissemsilt, passe pour l'une des spécialistes dans la fabrication de ces outres, faites spécialement en peau de chèvre. «Le choix de la peau de chèvre est très important, car, ses longs poils servent à retenir l'eau et lui donnent toute la fraîcheur voulue, même en cas de fortes chaleurs», explique-t-elle. Fabriquer une guerba est un travail de longue haleine. La préparation d'une peau dure en moyenne deux mois, selon hadja Meriem. Elle précise que tout ce travail se fait manuellement : il faut bien laver la peau, la débarrasser de toutes ses impuretés, puis fermer toutes les ouvertures pour n'en laisser qui servira à la remplir d'eau et à en déguster le précieux liquide frais. Hadja Meriem souligne que l'intérieur de l'outre doit être enduit de gatrane, une préparation à base d'huile de cade essentiellement qui donne à l'eau toute sa fraîcheur et ce goût amer unique et permanent. «L'eau, ainsi aseptisée, reste potable pendant plusieurs jours et se caractérise par une saveur particulière. On préfère cette eau aux autres disponibles sur le marché. Il suffit de mouiller de temps en temps l'outre pour qu'elle garde toute la fraîcheur de son contenu», explique cette octogénaire. Nombreux sont les habitants de la région à considérer l'eau de la guerba comme «unique en son genre» et «savoureuse». Que ce soit dans les localités d'Amari, de Sidi Abed, de Béni Lahcen, d'Ouled Bessam, de Khemisti ou encore à Laayoune et Maasim, le même attrait pour la guerba est perceptible chez les habitants. M'hamed, quinquagénaire, natif de la localité de Amari, avoue être un consommateur invétéré d'eau de la guerba. Il garde jalousement une vieille outre, héritée de sa défunte mère. «Je ne peux boire que l'eau provenant de la guerba, bien que je dispose chez moi d'un réfrigérateur», indique-t-il. Un autre habitant du village de Salmana, dans la commune de Laayoune rappelle que chaque famille dispose de sa guerba qu'elle accroche au mur extérieur de la maison pour permettre au visiteur ou à la personne de passage de boire une eau fraîche à tout moment.