Raisons La cherté de la vie, les services qui laissent à désirer et plusieurs autres «accrocs» font que nos concitoyens passent leurs vacances du mieux qu?ils peuvent. Les Algériens sont-ils réellement obnubilés par la tentation des vacances jusqu?à consacrer un «capital» et grever davantage leurs maigres salaires ? Passer, l?espace de quelques jours, voire quelques semaines, d?agréables et inoubliables moments, au bord de la mer, en montagne, dans les vastes prairies, dans les hammams ou autres stations thermales ou à défaut au bled, chez les grands-parents, c?est avant tout «une histoire d?argent et de mentalité», assène Mohamed Aroua, sociologue à l?Université d?Alger, qui n?omet d?ailleurs pas de signaler que ces deux ingrédients vont de pair. «Ne dit-on pas que l?argent trace un chemin dans la mer ?», ironise-t-il. Ainsi, pour effacer de la mémoire les onze mois de stress et d?enfer vécus au travail, l?ombre du patron planant outrageusement sur les nuits, il faut de l?argent, beaucoup d?argent, car comme l?avoue Mlle Mona Bestandji, gérante de l?agence de voyages El-Amel à Alger, «le coût d?un mois de vacances dans une station balnéaire varie entre 45 000 et 100 000 DA, soit entre quatre et dix mois de salaires d?un Algérien moyen». Riyad Boufedji, chargé de la communication à l?Onat, estime, pour sa part, que «même si les Algériens n?ont pas une culture de tourisme, ils font de leur mieux pour passer de bonnes vacances avec le peu de moyens dont ils disposent». Et d?avouer que le créneau balnéaire haut standing concerne une certaine classe. «Le créneau balnéaire connaît chaque été le grand rush. Chaque année, hôtels, résidences et plages font le plein», ajoute notre interlocuteur, qui sait de quoi il parle, se prévalant d?un capital expérience d?une vingtaine d?années. Concernant la clientèle, Ryad Boufedji évoque deux catégories : «La classe aisée qui se permet le luxe de débourser jusqu?à 100 000 DA par mois, voire plus, et le petit peuple qui doit faire des sacrifices pour passer des vacances sans pour autant chercher le grand luxe.» Ce responsable de l?Onat motive aussi l?absence de culture des vacances par la peur. «La peur de quitter la promiscuité de la maison pour la promiscuité dans les plages, la peur de perdre inutilement de grosses sommes d?argent sans avoir en contrepartie la tranquillité, et enfin la peur de vivre dans l?insécurité durant tout le séjour.»