Paradoxe Un séjour dans un 3 étoiles en Tunisie revient deux fois moins cher qu?en Algérie. Comment un pays qui dispose d?un gisement touristique appréciable peine-t-il inculquer la culture des vacances et du tourisme dans les différentes couches de sa société ? Les spécialistes vous le diront : l?Algérie est un pays qui a une topographie touristique riche et diversifiée, il est vrai encore peu exploitée. Un littoral long de quelque 1 200 km, des espaces verts avec de grandes étendues de plaines, des montagnes et des sommets, des lieux exotiques avec le Sahara et les oasis. Du soleil durant tout l?été. Mais c?est un pays qui n?arrive toujours pas à conquérir et à charmer sa population. Les raisons sont multiples. Primo : le pouvoir d?achat. Celui-ci, déjà érodé par la crise économique, dissuade des milliers, voire des millions d?Algériens d?aller tenter l?aventure en payant un service qui coûte les yeux de la tête. Un père de famille nombreuse n?est même pas apte à faire quelques économies pour aller chercher, une fois l?été arrivé, une destination paradisiaque. Secundo : les années rouges du terrorisme, qui ont contribué à la totale disparition de la culture touristique. Ayant peur pour leur vies et leur biens, les Algériens refusaient de s?aventurer. Ainsi, plusieurs plages et autres lieux exotiques ont été carrément abandonnés, car truffés de hordes criminelles. Tertio : les services en matières d?accueil demeurent bien en deçà des normes requises, ce qui pousse un grand nombre d?Algériens à se prendre eux-mêmes en charge en choisissant leurs destinations en fonction, évidemment, de leur bourse. Mais sur ce dernier point, l?on évitera de parler de fiasco, car l?idée même des vacances existe bien dans les esprits ; seuls les moyens font défaut. C?est peut-être pour ces raisons ? et pour d?autres ? que de tout temps, la Tunisie aura été la destination touristique la plus prisée d?un grand nombre d?Algériens en quête d?agréables vacances et prêts à casser leur tirelire. Avec des prix imbattables (un séjour de 15 jours dans une station balnéaire de Hammamet, Sousse ou Djerba, dans un hôtel trois étoiles, était proposé à 15 700 DA), l?Onat essaie de canaliser le flux touristique vers la Tunisie, estimé l?année dernière à 800 000 personnes, selon l?Office du tourisme tunisien. Ce choix n?est pas fortuit : la Tunisie est, pour ces Algériens, synonyme de proximité, d?entrée gratuite, sans souci de visas, mais aussi en relation avec le rapport qualité/prix. Un rapport quasiment introuvable intra-muros. La cherté des tarifs affichés par les hôtels et autres co plexes touristiques algériens et la médiocrité du service offert en contrepartie contraignent beaucoup d?Algériens à opter pour les belles stations balnéaires du voisin tunisien, où un séjour dans un trois- étoiles revient deux fois moins cher que le même en Algérie. La sécurité, le confort, la détente et les loisirs sont les principaux ingrédients recherchés par les Algériens pour leur vacances. Cela fait évidemment l?affaire des agences de voyages qui pullulent dans les principales villes du pays. Celles-ci proposent cette destination à des prix toujours plus compétitifs. Seulement, depuis quelque temps, le renchérissement de l?euro par rapport à la monnaie nationale a fait resurgir la hantise d?un forfait généralisé de la part des Algériens. Une hantise partagée par tout le monde, car le prix à payer pour une semaine ou deux en Tunisie devrait au moins doubler cette année par rapport à l?année dernière.