Il y a, à chaque ramadan, toute une économie de la charité qui s'instaure et quoi de plus normal que de vouloir secourir les démunis de plus en plus nombreux qui ne tendent pas forcément la main. Ceux qui pullulent dans les rues, des nourrissons dans les bras, s'adonnent là à un véritable business tant la mendicité est rémunératrice dans un pays où la population est prompte à donner et à partager. Que cette charité s'exerce de citoyen à citoyen, de nanti à démuni, c'est-à-dire directement de l'âme compatissante au pauvre bougre qui ne possède rien, le rapport est ici direct. Mais depuis quelques années, nous assistons à l'instauration d'une charité officielle ainsi qu'à l'émergence de réseaux parallèles qui servent de relais entre celui qui offre et celui qui reçoit. A l'exemple de la zakat devenue, à la veille de chaque célébration de la fête de Achoura, l'objet de mainmise de l'administration religieuse afin, dit-on, de mieux la redistribuer. Cette fonctionnarisation de la charité en réduit la fonctionnalité et surtout l'efficacité : le croyant nanti connaît mieux que quiconque celui qui est dans le besoin et procède ainsi à l'accomplissement de ce rituel dans la discrétion. Pourquoi ramasser des sommes considérables pour ensuite les redistribuer en projets pour la jeunesse comme l'a déjà fait le ministère des Affaires religieuses ? En ciblant ainsi la catégorie des jeunes, il exclut les pauvres les plus âgés. C'est que la charité, en tant qu'acte strictement individuel, doit s'exercer en dehors de tous ces circuits administratifs qui la bureaucratisent. Hormis, bien sûr, le couffin du ramadan qui aurait énormément gagné à prendre la forme d'un chèque. Pour éviter les détournements et les indus bénéficiaires. Et ils sont nombreux à s'engouffrer pour un peu de sucre, de semoule, de lait... alors qu'ils sont à l'abri du besoin. C'est le bizness de la charité qui veut ça. Enfin, de quoi je me mêle ? Khelli l'bir beghtah.