Ambiance - Le matin, c'est la bousculade dans les marchés de fruits et légumes. Les bouchers et les boulangers sont également très «visités» en ce mois de ramadan. Les Algériens, en dépit de la flambée des prix, dépensent. Même un peu trop. Les bacs à ordures de tous les quartiers algérois débordent en ce mois de carême et s'avèrent trop exigus pour contenir tout ce dont se débarrasse la ménagère pour faire de la place dans son réfrigérateur. Ils débordent non pas parce que les agents de Netcom sont en grève, mais tout simplement parce que les déchets ménagers ont triplé. Le mois sacré est paradoxalement celui où le gaspillage atteint son summum. Les emplettes de la matinée et les restes de la table bien garnie du ftour finissent souvent dans les sacs-poubelles que l'on jette parfois du haut des immeubles sans même prendre la peine de descendre les escaliers et les déposer là où il faut. A l'appel du muezzin, annonçant la rupture du jeûne, nombreux sont les Algériens qui se contentent juste de quelques cuillères de chorba, un petit morceau de pain quand ce ne sont pas carrément une cigarette et un café-presse qui précèdent le petit bol de chorba. Au bout d'une quinzaine de minutes, la table se vide. Les membres de la famille la quittent les uns après les autres. La mère de famille est confrontée à cette épineuse question : Que faire des restes ? La réponse est souvent claire. Un sac-poubelle et l'affaire est réglée. Ce sera ainsi durant les 29 ou 30 jours du mois de ramadan. Du gaspillage. Un vrai gâchis qui pourrait être évité si la raison l'emportait sur le ventre. En ce mois de ramadan, ce scénario est au rendez-vous dans la plupart des foyers algériens. Les chiffres d'une enquête relative à la consommation pendant ce mois, réalisée par l'Union générale des commerçants et artisans algériens (Ugcaa), font ressortir que les Algériens devront consommer pour cette période 1,2 milliard de baguettes de pain d'une valeur de 11 milliards de dinars. Il est également établi une consommation de 70 000 tonnes de viande dont le coût varie entre 67 et 70 milliards de dinars. Le lait connaîtra également un pic durant le mois de jeûne avec une consommation de plus de 120 millions de litres estimés à plus de 3 milliards de dinars sur la base de 25 DA le sachet d'un litre. 500 millions d'œufs dont le coût est estimé à 1,5 milliard de dinars seront consommés. Les dattes, elles aussi, connaîtront un pic de consommation durant ce mois d'abstinence dont le coût atteindra plusieurs millions de dinars. L'enquête de l'Ugcaa s'est arrêtée à ces quatre aliments les plus consommés durant cette période. Les autres produits agroalimentaires connaîtront, eux aussi, des pics de consommation en ce mois. Selon les initiateurs de cette enquête, plus de 50 % des produits alimentaires sont gaspillés pendant ce mois. L'an dernier, il a été enregistré la perte de 50 millions de baguettes de pain jetées par les consommateurs.