Tension - Dès que le mois de jeûne est entamé, une ambiance électrique caractérise le quotidien des Algériens. Un oui ou un non, cause parfois l'irréparable. Difficile d'avancer un chiffre sur le nombre de rixes ou d'agressions, mais ce qui est sûr, c'est que les Algériens ont les nerfs sous le bonnet. Des scènes regrettables de violence sont enregistrées à travers presque toutes les villes algériennes. Un regard de travers et le feu est mis aux poudres et c'est la pagaille générale. Toutes les conditions sont réunies pour qu'il en soit ainsi. Sans oublier d'y ajouter le caractère irascible de l'Algérien. Là où il y a du monde, il faut s'attendre au pire à tout instant et tout particulièrement en fin de journée, quand le manque des excitants se fait le plus cruellement ressentir. Si les marchés sont tristement célèbres pour enregistrer le plus grand nombre de bagarres, les stations urbaines de transport de voyageurs sont toutes des poudrières. L'exemple le plus frappant, on l'a vécu par un samedi caniculaire à la gare routière Tafourah. Il est 15h 35. Le quai Tafourah-Dergana, grouille de monde et...de bus. Aucune crainte, il y a assez de bus pouvant transporter tout ce beau monde. Il faut juste un peu de patience. Un mot qui n'existe cependant pas dans le vocabulaire des Algériens, pas pendant le ramadan en tout cas. Sous un soleil de plomb, l'odeur du gasoil se dégageant des moteurs de bus âgés pour la plupart d'une vingtaine d'années, ne fait qu'accentuer le mal. «Incroyable, en été comme en hiver, vous aimez la bousculade. Faites montre de civisme et attendez que le bus soit parqué pour monter», a lancé un receveur à l'adresse des passagers qui transpiraient déjà. Habitués assurément à ce genre de langage, bon nombre de passagers n'ont même pas daigné répondre. Tous ont donc gardé le silence... sauf Malek. Accompagné de son épouse, cet avocat «s'est senti humilié». Pas question de faire semblant de ne rien avoir entendu. Son cartable déposé à même le sol, il entreprend de remettre le receveur indélicat à sa place. Ce qui n'était au début qu'un échange de mots indécents, se transforme en un clin d'œil en une rixe généralisée. Les autres receveurs viennent au secours de leur ami et collègue, les passagers, eux, se sont montrés solidaires avec l'avocat. La station Tafourah se transforme ainsi, en l'espace d'une heure de temps, en un véritable champ de bataille. «Si ce n'était pas le mois de jeûne, les choses auraient été réglées même sans qu'on intervienne», a souligné à ce propos un officier de police dont les éléments ont pu remettre de l'ordre sur les lieux. Même tension et agressivité sur les routes. Les conducteurs se montrent particulièrement impulsifs et...dangereux. Dans les giratoires, tout le monde «est prioritaire». Pour le stationnement, pareil. Sur la chaussée, tout le monde «a raison».